Dour Festival 2009 (jour 1): un début en douceur…
Le festival de Dour. Le rendez-vous annuel tant attendu par une horde d’aficionados de tous poils, de tous horizons et de tous styles. Plus éclectique que Les Ardentes, plus pointu que le Pukkelpop et avant tout axé sur la découverte. Bien que cette année, quelques légendes se retrouvaient également à l’affiche de la 21e édition… Voici maintenant quelques années que le festival se déroule sur quatre jours (du moins d’un point de vue concerts, car le camping est déjà bien garni le mercredi soir) et on peut remarquer que depuis la catastrophique édition de 2007, un effort important a été consenti pour le confort des festivaliers (et de leurs narines). Ainsi, le site a encore été agrandi et le nombre de poubelles revu à la hausse. Par contre, pour nous journalistes, malgré une salle de presse accueillante, le sightseeing de Dour en navette était peut-être superflu et nous faisait perdre une bonne heure par jour. A revoir pour l’année prochaine, tout comme les stands de nourriture. Ce n’est pas plus cher que dans les autres festivals (quoi que) mais la qualité (et le service) laissaient parfois à désirer par rapport aux prix demandés. Un petit détour par Les Ardentes ou Couleur Café devrait permettre d’améliorer tout ça. Et oui, des festivaliers gourmets, cela existe aussi…
Mais bon, le but n’est pas de rédiger une chronique gastronomique. Concentrons-nous plutôt sur la musique avec, comme chaque année, à boire et à manger (décidément…). Arrivés un peu tard pour les décibels de Drums Are For Parades, c’est donc Papa Dada qui sera notre premier concert du festival. C’était le premier groupe à avoir été confirmé lors de leur victoire au Concours Circuit en décembre dernier. On en a déjà parlé, c’est le groupe le plus commercial de la série qui a gagné ce soir-là et qui paraissait dès lors un peu atypique à l’affiche de Dour. A vrai dire, rien n’a vraiment évolué depuis plusieurs mois et leur pop gentillette basée sur un piano et la voix du chanteur fera sans doute un malheur sur les radios et dans le cœur des jeunes filles mais l’absence criante de guitares s’est cruellement fait sentir cet après-midi. Un album est prévu avant la fin de l’année mais il ne sera sans doute pas un de nos disques de chevet…
Direction le Club-Circuit Marquee pour un groupe qui a mis le feu au Cactus Festival la semaine dernière et qui s’apprêtait à faire de même ici, Joe Gideon & The Shark, un duo (Jo le frère moustachu et sa sœur, la souriante et photogénique Viva alias The Shark, même si elle était plutôt vêtue d’un top en léopard). Lui au chant et à la guitare, elle à la batterie, ils pratiquent un blues rock dynamique loin des clichés que ce style de musique engendre habituellement. Ils font plaisir à voir autant qu’à entendre et travaillent le public à leur guise. En gros, c’était la première bonne surprise de la cuvée Dour 2009.
On a ensuite couru jusqu’à la Magic Tent (ex-Eastpack Stage) pour la fin du set de Bony King Of Nowhere qui, en opposition au groupe précédent, nous a presqu’endormis. Le projet du très propre sur lui Bram Vanparys, qui s’accompagne sur scène d’un line-up imposant (dont un contrebassiste) a présenté des extraits de son premier album, « Alas My Love ». Bien construits, certes, mais qui devraient dégager plus d’émotion assis confortablement dans une petite salle à l’acoustique parfaite.
La même remarque pourrait être adressée à la jolie Selah Sue qui, armée de sa simple guitare acoustique (et de son regard ravageur) a régalé un public relativement maigrichon, avec ses compositions oscillant entre folk et soul. Pourtant, lorsque l’on entend sa collaboration avec Triggerfinger lors d’un concert à l’AB récemment, on ne peut que se réjouir du moment où elle se décidera à engager un backing band qui supportera non seulement sa voix mais qui enlèvera aussi pas mal de pression sur ses épaules. Ce jour-là, elle devrait exploser véritablement.
Dour ne serait pas Dour si plusieurs groupes ne jouaient pas simultanément sur plusieurs scènes, laissant par moment le festivalier dans un grand désarroi lorsqu’il doit faire des choix. Ici, entre le hardcore de Amen Ra et le rockabilly de Jim Jones Revue, on a été voir les seconds, mais comme le revival de Jerry Lee Lewis n’est finalement pas trop notre truc, on n’a pas tenu jusqu’au bout…
L’artiste suivant à se produire sur le Dance Hall (mais qui, comme les précédents, n’est pas dansant pour un sou) était Pascale Picard et son Band, la québécoise qui s’est fait remarquer l’an dernier avec un excellent single, « Gate 22 ». Elle a un peu la voix de Cœur de Pirate sur disque, mais sur scène, beaucoup moins. En plus, elle joue de la guitare et chante en anglais. Sa prestation assez linéaire sera sauvée par une excellente reprise du « Glory Box » de Portishead, mais elle n’arrivera cependant jamais à fasciner le public.
Après cette salve de concerts assez calmes, on avait bien besoin d’une dose de guitare électrique. Ce n’est donc pas Saule et les Pleureurs sur la Last Arena (grande scène en dourois) qui allaient faire l’affaire. On s’est donc dirigé vers le Club-Circuit Marquee pour voir les chevelus de Meshuggah, un groupe de hardcore comme on n’en voit qu’à Dour (un peu comme les groupes de ska), emmené par un chanteur qui fait peur à regarder et dont la caractéristique est qu’il adore retourner ses yeux pour ne plus laisser apparaître que le blanc. Cela donne des frissons dans le dos. Par contre, leur musique loin d’être mélodieuse lynche les tympans en évitant toutefois de les exploser.
Le groupe suivant allait même prendre soin d’eux. En effet, les gentils Cocoon étaient là pour nous bercer en ce début de soirée assez calme. Un concert très soft pour un groupe folky originaire de Clermont-Ferrand, qui a sorti en 2007 son premier album, « My Friends All Died In A Plane Crash ». Un titre aussi joyeux que leurs compositions mais dans le style, ils ne s’en sortent pas trop mal. Le chanteur Mark Daumail est lui aussi assez coquet (en col et cravate s’il vous plaît) tandis que la chanteuse claviériste Morgane Imbeaud est assez mignonne, en plus d’être dotée d’une jolie voix. Au rayon surprise, une cover improbable du « Hey Ya » de Outkast.
Notre programme pointait ensuite Friendly Fires. Malheureusement, le groupe a annulé son passage suite à la maladie du batteur (victime de la grippe A H1N1?). Pas grave vu qu’on les avait vus au Bota en mars dernier, mais c’est juste dommage que ce soit un DJ set de Compuphonic qui ait été choisi en guise de remplacement. Mais bon, cela nous a permis de recharger nos batteries avant d’aller voir les sauvages de ISIS, groupe de metal hardcore assez mélodieux (excepté la voix). En tout cas, leur set sera bien supérieur à celui de Meshuggah. Bon, je dois bien avouer que c’est loin d’être mon style de musique préféré mais, sous les hurlements du chanteur barbu, on peut apercevoir des compositions savamment construites et plus « accessibles », parfois limite progressives.
Encore une fois, il n’y a qu’à Dour que l’on programme ce genre de groupe, tout en étant suivi par un DJ, en l’occurrence Dr Lektroluv, le martien des platines qui a comme d’habitude fait un tabac. Ce qui nous amène à constater que plus que jamais, le public du festival est divisé en deux. Ceux qui préfèrent le rock et ceux qui se déhanchent sur l’électro ou les DJ sets. Ces derniers, en général, ne sortent de leurs tentes qu’en fin d’après-midi et arrivent sur le site lorsque les premiers beats se font entendre…
Cela dit, de notre côté, on s’est dirigé vers la Last Arena pour le concert de la féline Santigold. A ce moment, le vent commençait à se lever et Jacques de Pierpont, en véritable Monsieur Météo, a annoncé le déluge pour 1h15 du matin. C’est pour cette raison qu’après quelques titres de Santi White (et la tombée de quelques grosses gouttes d’orage), on a préféré jeter l’éponge. Surtout que les compositions de Santigold sont assez efficaces, mais l’interprétation un peu trop parfaite a fait naître en nous des doutes. Playback ou pas playback? On préfère ne pas polémiquer et se contenter de reconnaître que des titres comme « LES Artistes » ou « Say Aha » sont des morceaux pop parfaits. Sur scène, outre les couvre-chefs ridicules des musiciens, deux danseurs se trémoussent tandis que la chanteuse (à l’accoutrement loin de la mettre en valeur) profite de l’avancée de la scène pour se pavaner. Apparemment, elle aurait chanté une cover de Cure, mais on n’était plus là pour témoigner.
En effet, on s’est dirigé vers les éclairs, laissant derrière nous MSTRKRFT ou Magnus, qui nous auraient dégourdi les jambes. Mais pas sous la drache… La première journée du festival se clôturait donc avec un sentiment mitigé. Avec le recul, on n’a finalement pas vu grand-chose de bien transcendant. Heureusement, le deuxième jour s’annonçait bien plus intéressant…
Photos © 2009 Olivier Bourgi