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ZIOR – Before my eyes go blind – The complete recordings (1971-2018)

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Le label Grapefruit a récemment réédité les œuvres complètes d’une pépite de la scène hard rock underground anglaise du tout début des années 70, Zior. Les décennies s’accumulant les unes sur les autres, ce groupe a fini par accéder au statut de culte parmi les collectionneurs de heavy rock seventies, étant entendu qu’à l’époque où il était actif, Zior était parfaitement ignoré du grand public.

Les racines de ce groupe se trouvent dans la scène R’n B anglaise du Southend londonien du début des années 60. Les deux fondateurs de Zior sont de vieux renards de la scène pub-rock. Keith Bonsor a chanté dans les Essex Five, dans lequel on retrouvait John Martin, alias The Big Figure, le futur légendaire batteur du Dr. Feelgood des années glorieuses. Il traîne aussi dans le Cardboard Orchestra, un orchestre expérimental ayant réalisé quelques 45 tours de classico-pop. Au sortir de cette expérience, Keith Bonsor s’associe avec le batteur Pete Brewer, auparavant membre des Night Riders. Ils s’enferment pendant plusieurs semaines, concoctent un concept et recrutent deux autres musiciens par annonce : John Truba (guitare et chant) et Barry Skeels (basse et chant, ancien du groupe The Bum, si vous voulez tout savoir).

Le groupe Zior est né et se fait une réputation sur scène en adoptant certaines outrances chères à des personnages comme Screaming Jay Hawkins, Screaming Lord Sutch ou Arthur Brown. Effets de lumières, écrans de fumée, parodies de sacrifices ou de pillage avec des monstres en carton-pâte, tout y est pour faire rêver les jeunes filles en quête de prince charmant. Critiqué par une presse rock quelque peu effrayée par ses techniques, Zior voit sa notoriété grandir et tourne désormais à l’extérieur de la région de Londres. Ils font le tour des bases américaines en Allemagne et tournent même en première partie de Cream. Cependant, parce que Zior ne veut pas avoir affaire à des maisons de disques et parie sur une réputation uniquement grâce aux concerts, l’argent se fait rare et le groupe piétine. De plus, les portes de la télévision lui restent fermées et il ne peut bénéficier d’une plus grande publicité.
Zior se voit donc contraint de trouver un contrat avec une maison de disques. Les grandes compagnies étant trop frileuses, le groupe cherche parmi les petits labels indépendants. Il finit par se trouver en contact avec un certain Larry Page, patron de Nepentha, tout nouveau sur le marché et à la recherche de nouveaux talents. En juin 1971, Zior sort donc un premier album sur ce label, qui reste cependant assez confidentiel et n’arrive pas trop à se faire une place au soleil. Le succès du groupe est donc modeste et se fait surtout sentir en Allemagne.

Zior devient très temporairement un quintet avec l’arrivée d’un type appelé Bugsy (flûte, piano, chœurs). Il enregistre un second album que Nepentha sera incapable de sortir pour des raisons financières. Zior entre alors en léthargie et ses musiciens font parler d’eux en sortant sur le label Beacon un album sous le nom de Monument. La musique résulte d’une longue jam-session avinée, où tous les styles se retrouvent, du heavy metal aux improvisations sur Bach. Cet album est aujourd’hui mythique. Fin 1972, les musiciens de Zior, abandonnés par leur management et appauvris par des ventes inexistantes, préfèrent mettre fin au groupe. Peter Brewer et Keith Bonsor continuent un petit temps sous le nom des Bear Brothers et sortent un 45 tours. Entretemps, en 1973, le deuxième album de Zior, intitulé ʺEvery inch a manʺ, est finalement édité en Allemagne par le label Global Intercord. Par la suite, Brewer devient un marchand d’instruments de musique dans le Southend, Skeels devient marchand de bibelots hippies à Newcastle, Truba se trouve un job dans l’électronique et Bonsor reste dans l’industrie du disque, devenant un producteur et un DJ comblé.

A la croisée des chemins entre Jethro Tull, Uriah Heep et Black Sabbath, Zior commence finalement à revenir en grâce au début des années 1990, à la faveur de la réédition de ses deux albums sur des labels spécialisés comme See For Miles ou Akarma, Intercord ayant ressorti ʺEvery inch a manʺ en vinyle en 1995. Depuis cette époque, les amateurs de hard rock anglais obscur (Leaf Hound, Mayblitz, Budgie, Hard Stuff, Tucky Buzzard, Tear Gas…) ont pu ajouter Zior dans les parties nobles de leur discothèque. La réputation de Zior n’a cessé de grandir parmi les collectionneurs, si bien que Keith Bonsor retrouve John Truba en 2018 pour sortir un nouvel album de Zior, ʺSpirit of the Godsʺ.

La maison Grapefuit a finalement réuni en un seul coffret les deux albums historiques de Zior, l’album de Monument, le récent album du Zior reconstitué en 2018, le tout assorti d’un livret richement documenté en histoires et en photos. Il va de soi que le nouvel album de Zior tranche un peu par rapport aux premiers, de par un son plus moderne et une orientation psychédélique beaucoup plus expérimentale, trahissant l’âge de ses auteurs. On se concentrera donc en priorité sur les trois disques des années 70 présenté dans cet excellent coffret.

Le groupe :

Keith Bonsor (chant et guitare)
Peter Brewer (batterie)
John Truba (guitare et chant)
Barry Skeels (basse et chant)

Le coffret :

Disque 1 : ʺZiorʺ (1971)
Disque 2 : ʺEvery inch a manʺ (1973)
Disque 3 : ʺThe first Monumentʺ (1971)
Disque 4 : ʺSpirit of the godsʺ (2018)

https://www.facebook.com/ZIORMUSIC/

Pays: GB
Grapefruit Records
Sortie: 2019/09/06

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