WOLVER – Act 1: It starts with a bow
C’est un CD-R griffonné à la main, avec une pochette photocopiée, qui arrive en retard sur notre bureau, l’album de Wolver étant déjà sorti en octobre 2020. Apparemment, c’est le genre d’objet que le critique rock n’aime pas, un signe d’amateurisme pour la promotion d’un groupe qui fait dans l’économie et dont les agents n’ont même pas jugé utile d’envoyer un vrai CD, sans doute parce que leur budget riquiqui ne le leur permet pas. Le critique rock a alors le choix entre la corbeille à papier ou le lecteur CD de sa chaîne pour faire un sort à ce genre d’album. Mais comme nous ne nous arrêtons pas aux apparences, nous avons glissé ce CD bricolé de Wolver dans notre lecteur. Bien nous en a pris.
Ce groupe suédois signe en effet ici un premier album à l’ambition grandiloquente, commettant un opéra rock comme on n’osait plus en faire depuis les années 1970. Mais la sonorité de Wolver est moderne, dynamique et le groupe sait absorber ses principales influences dans un ensemble personnel. Ces influences, une fois citées, permettent tout de suite de cerner le niveau de théâtralité que Wolver vise : Muse, Queen, Queen Of The Stone Age, et aussi un peu de Black Keys et même une touche de stoner et de rock énergique à la suédoise, genre Sparzanza, Mustasch, The Hives ou Royal Republic.
Les bonshommes derrière ce groupe savent aussi se mettre en avant. Ici, pas de patronymes officiels mais des pseudonymes racoleurs : The Protagonist (chant et guitare), The Brawler (batterie) et The Charmer (basse), rien que ça. Et donc, quand on amoncèle la théâtralité clinquante de la musique de Wolver, un son babylonien, un concept d’album digne des grandes comédies musicales de Broadway, le mystère entourant les musiciens et une confiance en soi à toute épreuve, on obtient un premier album plein d’entrain, de décomplexions, gonflé d’un capital sympathie inébranlable et insensible au moindre doute.
Même si les ficelles piquées à Queen (la ballade ʺOnce a puppet, now a kingʺ), à Muse (le pétaradant ʺUlti-poserʺ), à Queens Of The Stone Age (ʺ101ʺ), aux Black keys (ʺMad manʺ) et même à Royal Blood (ʺMillion mad locustsʺ) sont quand même bien discernables, on reste cependant sous le charme d’un disque fort et entraînant, qui assemble justement ces ficelles dans une texture régulière et lisse, ayant aplani toutes les rugosités et fournissant un ensemble cohérent et compact. On ne connaît pas de temps mort ni de passages ennuyeux au cours de ce disque qui est censé raconter une histoire dont la trame n’est pas tout à fait évidente mais ce n’est pas grave. La pochette du disque semble suggérer le 19e siècle, comme une réminiscence de Charles Dickens revenant à notre époque.
Il fallait donc éviter de jeter ce disque aux orties en raison de sa piètre apparence. Comme quoi, il faut toujours se tenir au fond et non à la forme. Cela permet de découvrir des talents cachés comme ce Wolver qui commet ici des débuts fort intéressants.
Le groupe :
The Protagonist (chant et guitare)
The Brawler (batterie)
The Charmer (basse)
L’album :
ʺWelcome! ʺ
ʺTabula rasaʺ
ʺMad manʺ
ʺMillion mad locustsʺ
ʺPrologue for a kingʺ
ʺOnce a puppet, now a kingʺ
ʺAlike the third secretʺ
ʺUlti-poserʺ
ʺTicket to Moscowʺ
ʺNewsflashʺ
ʺ101ʺ
ʺGod bless Americaʺ
ʺUpstreamʺ
ʺTrophyʺ
ʺMy wife, the witchʺ
ʺ‘til tomorrowʺ
https://www.facebook.com/WolverSweden/?ref=page_internal
Pays: SE
Rexius Records
Sortie: 2020/10/20