WHEEL – Moving backwards
Bon sang, j’y repensais l’autre jour, ça fait quand même treize ans que Tool n’a pas sorti de nouvel album. Ça commence à faire long mais en attendant un hypothétique retour de ce grand groupe, on pourrait ronger son frein en s’écoutant un petit groupe qui doit pas mal à Tool, histoire de passer le temps sans s’impatienter.
D’autant que le groupe en question, Wheel, n’est pas mal du tout. Je ne serais pas allé jusqu’à tenter une comparaison avec Tool si on avait eu ici affaire à du menu fretin. Pour revenir à l’histoire des faits, Wheel est un groupe formé en Finlande par un Anglais qui a cru bon de venir se perdre dans les neiges de Carélie. Le bon James Lascelles débarque en effet de son Angleterre natale et ne tarde pas à trouver quelques Finlandais qui partagent son univers musical, entre Tool, Alice In Chains, Radiohead ou les mythiques progueux métalliques australiens de Karnivool. Avec Saku Mattila (guitare, remplacé en 2018 par Roni Seppänen), Mikko Määttä (basse) et Santeri Saksala (batterie), James Lascelles (chant et guitare) édite les EPs ʺThe pathʺ (2017) et ʺThe divideʺ (2018). Ces deux rondelles raflent la mise en Finlande ou les amateurs de métal progressif font connaissance avec un groupe prometteur.
L’étape suivante est franchie avec le premier album ʺMoving backwardsʺ, qui sort sur le label Odyssey Music Network. Ici, les hommes de Wheel mettent sur le tapis sept titres à la force impeccable, bardés de guitares puissantes et rythmés par des mouvements lourds et veloutés. James Lascelles et ses sbires écrivent essentiellement sur des sujets graves, craignant que le monde moderne ne devienne au fil du temps un gigantesque espace d’interdiction des libertés d’expression ou de penser. Les thèmes tournent autour de la censure, du contrôle de l’esprit, de la stratégie de la tension et autres joyeusetés déjà pressenties dans les temps anciens par des auteurs comme George Orwell (1984) ou Aldous Huxley (Le meilleur des mondes). Après tout, la plus belle des dictatures est celle où on a le sentiment d’être libre…
Ces textes sont accompagnés d’un métal progressif de très haute tenue, développé sur de longs passages avoisinant souvent les dix minutes (ʺWheelʺ, ʺTyrantʺ, ʺLackingʺ), ce qui permet de grandes extrapolations où les guitares s’adonnent à des solos prenants. Les titres plus courts ne sont pas à négliger non plus, à l’instar de ʺUp the chainsʺ ou ʺWhere the pieces lieʺ qui révèlent aussi d’excellents moments d’émotion et de technicité. Au cours de ce périple, tout ennui est exclu et l’amateur de métal progressif rappelant aussi Porcupine Tree, Opeth et un petit peu Paradise Lost trouvera de quoi combler ses aspirations. Wheel semble donc en très bonne position pour revendiquer un petit morceau du royaume métallique finlandais, si ce n’est un bout du gâteau européen s’il parvient à s’exporter hors de ses frontières. Evidemment, le jour où Tool reviendra, cet équilibre géostratégique pourrait changer…
Pays: FI
Odyssey Music Network
Sortie: 2019/02/22