VEILBURNER – Lurkers in the capsule of skull
Mephisto Deleterio et Chrisom Infernium, les deux âmes damnées de Veilburner, continuent l’exploration de leur inconscient musical en donnant naissance à un nouvel album tout aussi fascinant que son prédécesseur ʺA sire to the ghouls of lunacyʺ, sorti en 2018. Depuis le milieu des années 10 ce duo de Pennsylvanie n’arrête pas de captiver son auditoire avec une progression constante dans la qualité et la complexité de son black metal progressif, et son association avec le label Transcending Obscurity est depuis trois ans l’occasion de monter en flèche dans les idées tortueuses et la confection d’une musique se posant toujours plus comme un défi à notre compréhension du métal extrême.
Lorsqu’on réécoute ʺA sire to the ghouls of lunacyʺ pour mieux appréhender son petit frère, on s’aperçoit que les deux disques sont intimement liés, attachés par une logique créatrice similaire. Si ʺA sire to the ghouls of lunacyʺ peut vivre de lui-même car il est le premier, ʺLurkers in the capsule of skullʺ est une suite dont on rate la substantifique moelle si on ne retourne pas d’abord au précédent album, comme le ʺFrankensteinʺ de James Whale (1931) qui gagne encore plus de force quand on regarde la suite ʺLa fiancée de Frankensteinʺ (1935), qui cimente les deux films en une longue aventure passionnante.
Ici, Mephisto Deleterio et Chrisom Infernium s’enfoncent encore plus dans les méandres souterrains d’un black metal qui trouve sa transcendance avec des aspects death et surtout progressifs qui explorent la structure traditionnelle des chansons pour en faire des épopées bouleversantes et inquiétantes. Les morceaux tournoient facilement autour des six à sept minutes et les musiciens du groupe tissent des toiles de guitares multicouches couplées à des ordinateurs qui réverbèrent le son dans un chaos de violence technique et de distorsion. Par ce biais, la guitare de Mephisto arrive à se teinter de sonorités de clavecin, notamment sur ʺIn the tomb of dreaming limboʺ et ʺDissonance in bloomʺ. Des attaques sonores sauvages récupérées dans des canalisations progressives faites de leitmotivs répétitifs et oppressants effectuent un travail dévastateur sur le cerveau, comme sur ʺIn the tomb of dreaming limboʺ ou l’invraisemblable ʺAn odyssey through cataclysmʺ. La programmation des batteries, au lieu de donner un petit côté mécanique, a été réalisée de façon à s’insinuer au plus profond des élans rythmiques, faisant parfaitement corps avec le reste des instruments.
D’autres petites perles jaillissent de cet ensemble tourmenté, avec les peurs torrides suscitées par la folie poisseuse de ʺVault of haunting dissolveʺ ou la rugueuse hypnose psychédélique de ʺPara-opaqueʺ. ʺDissonance in bloomʺ ferme la marche et il se pose comme le titre de référence de cet album, avec sa profondeur sonore, ses tourments progressifs et son ambiance délétère. Les poussées black metal ultimes de ce morceau finissent de nous dresser les cheveux sur la tête, pour ceux qui ne les ont pas trop graisseux.
Suite logique du précédent ʺA sire to the ghouls of lunacyʺ, à qui il est lié comme un frère siamois, ʺLurkers in the capsule of skullʺ est un grand moment d’expérimentation noirâtre. L’audacieuse approche avant-gardiste rend ce disque captivant de bout en bout et porte les graines d’une évolution qui pourrait installer le black metal comme potentialité d’évolution, de création et d’imagination pour encore un sacré paquet de temps. On continue donc à suivre le parcours de Veilburner, qui n’hésite jamais à aller faire du hors-piste loin des sentiers battus.
Le groupe :
Mephisto Deleterio (tous les instruments)
Chrisom Infernium (chant)
L’album :
ʺIn the Tomb of Dreaming Limboʺ (07:10)
ʺNocturnal Goldʺ (07:20)
ʺCursed, Disfigured, Amen! ʺ (07:31)
ʺLurkers in the Capsule of Skullʺ (06:21)
ʺPara-Opaqueʺ (04:58)
ʺAn Odyssey through Cataclysmʺ (06:28)
ʺVault of Haunting Dissolveʺ (05:43)
ʺDissonance in Bloomʺ (07:50)
https://veilburnerband.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/veilburner
Pays: US
Transcending Obscurity
Sortie: 2021/09/24