VARDE – Fedraminne
Un beau matin, une bande de musiciens black metal norvégiens en ont eu assez de se peinturlurer la frimousse en noir et blanc avant de chanter des chansons dédiées à l’enfer et aux démons divers. Ils ont revêtu des chemises à carreaux et affiché des mines vierges de toute peinture, puis sont allés chercher dans le patrimoine culturel norvégien du 19e siècle des sources d’inspiration pour formuler un black metal plus mélodique parlant de leurs ancêtres. C’est ainsi qu’est né Varde.
Au départ, D’arn (batterie, également connu sous le nom de Kjetil Dahlen pour l’état civil) mène au début des années 2000 une petite carrière de cogneur de fûts chez Nebular Mystic, Hellish Orkestra ou Alsvartr, des combos black et death metal du sud-est de la Norvège. De son côté, le guitariste Nord (alias Jørn Øyhus) a aussi démarré dans le métier il y a une vingtaine d’années, avec un passage chez Echoes Of Sanity et une situation stable chez Fatal Impact, un groupe de heavy et power metal où il séjourne depuis 2005. Les deux hommes s’associent en 2017 pour mettre au point Varde, dans lequel ils recrutent également un certain Koll au chant, percussions et cuivres.
C’est donc en trio que Varde publie son premier album ʺFedraminneʺ, où il associe black metal et poèmes traditionnels du folklore norvégien. On lâche tout de suite le morceau : le résultat et impressionnant. Dans ce genre de concept qu’on résumera sous le terme de folk metal païen, Varde vient rivaliser avec des combos établis comme les Finlandais de Finntroll ou les Irlandais de Primordial. Mais là où Varde va mettre quinze longueurs dans la vue des combos précédemment cités, c’est avec son approche sombre et authentique d’un black metal rehaussé de mélodie dans le traitement vocal et dans la complexité des compositions, qui vont souvent chercher l’épopée autour des dix minutes, voire plus. C’est dans ces longueurs épiques que Varde développe toute sa puissance évocatrice, avec des phases lentes rattrapées par des accès de furie, un chant qui s’exprime uniquement dans la langue de Knut Hamsun, des interventions cuivrées discrètes et cette atmosphère générale qui tend à la fois à une certaine dramaturgie et à une fierté virile envers les ancêtres.
Les hauts faits de l’album se situent dans des titres formidables comme les longs ʺKystbillede (Del I)ʺ, ʺEt gammelnorskt herresaendeʺ (sans doute le meilleur de l’album), le folklorique et recueilli ʺFedraminneʺ (entièrement acoustique) ou une tuerie metal industrielle appelée ʺSkuldʺ. ʺKoll med bilen (Del I)ʺ est davantage caractérisé dans le black metal classique, bien que possédant lui aussi des passages variés, mais il représente le titre le plus ʺfacileʺ de cet album. Quant au final, c’est la seconde partie du premier morceau ʺKystbilledeʺ et c’est le morceau parfait pour finir un album. Sombre, lent, avec un petit côté indus à la Killing Joke, il démontre les capacités de Varde à dépasser le cadre habituel du black metal pour transcender le genre dans un manifeste musical passionnant. Un très bon premier album pour un groupe qui a des choses à dire et une sensibilité rugueuse à exprimer.
Le groupe :
D’arn (batterie)
Nord (guitare, basse claviers, chœurs)
Koll (chant, percussions, cuivres)
L’album :
ʺKystbillede (Del I)ʺ 12:57
ʺHalvdan svarteʺ 5:48
ʺForbundetʺ 4:30
ʺEt gammelnorskt herresaendeʺ 10:07
ʺFedraminneʺ 6:31
ʺSkuldʺ 3:48
ʺKoll med bilen (Del I)ʺ 9:07
ʺKystbillede (Del II)ʺ 6:32
https://vardeband.bandcamp.com/album/fedraminne
https://www.facebook.com/vardeband/
Pays: NO
Nordvis Records
Sortie: 2020/11/27