UFOMAMMUT – Fenice
Cela faisait cinq ans qu’on n’avait plus eu de nouvelles discographiques d’Ufomammut, groupe pionnier du doom psychédélique et du stoner metal cosmique en Italie. Les inquiétudes sont levées avec le retour du groupe sur ce nouveau ʺFeniceʺ, qui ne porte pas ce nom au hasard. Tout le monde sait qu’au début des années 2020, une grave crise pandémique a envoyé au tapis tout le business musical mondial, risquant ainsi de mener de nombreux groupes de rock à la disparition. Mais ce n’est pas un virus qui a failli avoir raison des vingt ans de carrière d’Ufomammut, c’est le départ du batteur historique du groupe, Vita, au début de 2020. Les membres restants, les fondateurs Urlo (basse et chant) et Poia (guitare) ont considéré un moment mettre Ufomammut en veilleuse, pour ne pas dire en soins palliatifs. Et puis, l’instinct de conservation l’a emporté, la foi en la bonne étoile du groupe aussi, sans doute, et Ufomammut est revenu aux affaires avec le recrutement du nouveau batteur Levre, arrivé en 2021. En quelque sorte, comme le phœnix, Ufommamut renaquit de ses cendres, d’où le titre de ce nouvel album, écrit en italien.
Il y a donc eu du temps entre le précédent album ʺ8ʺ et ʺPhoenixʺ mais ce temps n’a pas vraiment été mis à profit pour réfléchir sur de nombreuses compositions qui auraient pu donner lieu à un album très long. Au contraire, ʺFeniceʺ affiche à peine 38 minutes au compteur, ce qui en fait un des albums les plus courts de la discographie des Piémontais. Au départ également, Urlo et Poia voulaient à nouveau composer un unique morceau très long, comme sur ʺEveʺ en 2010. Mais ils ont préféré séquencer le tout pour en faire six titres, aux durées variables de trois à dix minutes.
À l’écoute de cet album, on sent bien que le temps n’a pas affecté l’inspiration d’Ufomammut, toujours apte à nous emmener toutes turbines dehors dans un grand périple au milieu des étoiles, avec force riffs colossaux et rythmiques granitiques. On remarque aussi une sorte d’énergie renouvelée, un mouvement vers des atmosphères plus électroniques qui donnent de la saveur aux compositions énormes du groupe. L’effet est saisissant dès le titanesque ʺDuatʺ, long titre de dix minutes qui se déploie d’abord en nappes électroniques semblant venir de Pluton, avant de dériver peu à peu dans de gigantesques gerbes de riffs ultra-puissants et énergiques. On se rend compte alors que la fusée Ufomammut vient de décoller vers l’espace infini et que l’auditeur était en fait dans les moteurs…
À nouveau, une transition flottante nous introduit peu à peu à ʺKhepererʺ, dont le titre ne signifie rien de particulier. On aurait pu penser au nom d’un astronome ayant laissé son nom à un amas gazeux du côté d’Andromède ou une ceinture d’astéroïdes croisant près de Mercure, mais il n’en est rien. ʺKhepererʺ est juste une pulsation cosmique intense et profonde, qui nous fait retenir notre souffle jusqu’à ʺPsychostasiaʺ, continuation de dérives spatiales soulignée par une batterie hypnotique et des émanations de synthétiseurs provenant de la cinquième dimension de la constellation du Champignon. Le morceau se termine sous un pilonnage de riffs tels qu’on se croirait écrasés par deux ou trois vaisseaux spatiaux tombés en même temps sur notre crâne. À nouveau, une transition qui n’est est pas une nous place en orbite autour de ʺMetamorphoenixʺ, nouvelle circonvolution perdue parmi des planètes sonores éthérées et gazeuses. Il y aura ensuite une puissante chute dans l’atmosphère de ʺPyramindʺ, sans doute le morceau le plus lourd de l’album. La gravité y est écrasante et la guitare tronçonne sans relâche des riffs à même une montagne de cupro-nickel. La pression est telle qu’on ne s’aperçoit même pas qu’on est passé sur ʺEmpyriosʺ, le dernier morceau plus court qui n’est que la continuation sonore pure est simple de l’énorme ʺPyramindʺ. Un satellite, en quelque sorte…
Cela fait du bien de retrouver nos cosmonautes transalpins dans une telle forme. Ufomammut viendra faire vrombir sa flotte spatiale au Dépôt de Leuven le 24 septembre prochain au cours du festival célébrant les 25 ans de l’association stoner Orange Factory. À vos combinaisons !
Le groupe :
Urlo (chant et basse)
Poia (guitare)
Levre (batterie)
L’album :
ʺDuatʺ (10:33)
ʺKephererʺ (2:59)
ʺPsychostasiaʺ (7:13)
ʺMetamorphoenixʺ (7:41)
ʺPyramindʺ (7:04)
ʺEmpyrosʺ (2:47)
https://ufomammut.bandcamp.com/album/fenice
https://www.facebook.com/ufomammutband/
Pays: IT
Neurot Recordings
Sortie: 2022/05/06