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TRIBULATION – Where the gloom becomes sound

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Pour comprendre davantage la trajectoire de Tribulation et son évolution constante vers toujours plus d’excellence, il faut revenir aux racines de ce groupe, avec particulièrement le guitariste Adam Zaars en ligne de mire. Ce dernier a officié dans le dernier line-up de Repugnant en 2010-2011, alors qu’il était âgé de 22 ans. Et qui est Repugnant ? Ce combo formé en 1998 est un peu au death metal suédois ce que les Yardbirds ont été au hard rock anglais : un foyer de talents dont presque tous les membres sont sortis avec des projets particulièrement marquants pour l’avenir. À côté d’Adam Zaars, on trouve aussi dans ce groupe le guitariste Gottfrid Åhman, qui partageait à l’époque son temps entre Repugnant et son groupe In Solitude, formé alors qu’il avait 12 ans, en 2002. Et enfin, l’autre personnage clé de Repugnant est son fondateur, un certain Mary Goore, de son vrai nom Tobias Forge, qui allait devenir le fameux Papa Emeritus IV dans son nouveau groupe Ghost à partir de 2006. En résumé, Repugnant est le creuset de trois grands groupes : Ghost, In Solitude (séparé en 2015 mais aux trois albums mythiques) et Tribulation.

Pas étonnant donc que d’album en album, Tribulation évolue de façon toujours plus spectaculaire. Passé de la scène death metal traditionnel en 2009-2013 (les albums ʺThe Horrorʺ et ʺThe formulas of deathʺ) à quelque chose de beaucoup plus gothique (les albums ʺThe children of the nightʺ, 2015, et ʺDown belowʺ, 2018), Tribulation continue son chemin avec ce nouvel album ʺWhere the gloom becomes soundʺ, troisième à sortir sur le label Century Media. Et ici encore, c’est une nouvelle source d’étonnement et de bonnes surprises.

C’est le guitariste Jonathan Hultén qui a mis la main à la pâte pour composer la plupart des morceaux, cherchant l’inspiration dans les mystères et la magie des légendes scandinaves, un thème finalement assez traditionnel pour un groupe de métal. On imagine mal en effet les métalleux se mettre à écrire sur les terrains de sports collectifs de la Méso-Amérique précolombienne. Mais le fait est que le père Hultén a bien été inspiré sur ce coup, surtout au niveau des compositions qui se révèlent d’une grande sensibilité (ʺDirge of a dying soulʺ, l’instrumental au piano ʺLetheʺ). Le titre de l’album a été choisi d’après une phrase d’une chanson de Sopor Aeternus & The Ensemble Of Shadows, un groupe darkwave allemand ayant toujours exercé une certaine fascination sur Tribulation.

Là où Tribulation conserve sa personnalité, c’est avec le chant toujours assez black metal du bassiste Johannes Andersson. Alors que le groupe évolue maintenant dans un heavy métal mélodique associant à la fois des influences Iron Maiden (ʺDaughter of the djinnʺ) et gothiques (ʺInannaʺ), Andersson continue d’éructer comme s’il était encore au temps du death metal des débuts. C’est un choix qui contribue à la fois à marquer fortement le style de Tribulation mais que certains mélomanes portés sur l’aciérie musicale pourraient trouver discutable. Ceci à mon avis ne jure pas encore trop par rapport à la musique du groupe, qui ne cesse de progresser vers toujours davantage de subtilité et de finesse. Avec un chant plus traditionnel, plus opératique, les portes de l’excellence pourraient s’ouvrir toutes grandes pour Tribulation, qui abandonnerait alors définitivement sa vieille peau de groupe death.

L’album a été enregistré en deux mois aux studios Ryssviken de Linus Björklund, avec Tribulation et leur copain Jamie Elton aux manettes. Le mixage a été confié à Tom Dalgety (Ghost, Rammstein) et la mastérisation a été complétée par le grand Magnus Lindberg dans les studios Redmount de Stockholm. Il ne faut donc pas s’étonner de trouver ici un son puissant et impeccable qui régit le cours de cet album riche et touffu, aux compositions particulièrement fouillées, que des écoutes successives parviennent à mettre pleinement en valeur. L’album suit une courbe ascendante qui trouve son apogée avec ʺFuneral Pyreʺ, un des rares titres à accélérer le rythme sur cet ensemble en général abonné au mid-tempo et à l’introspection. Tout le monde joue formidablement bien, les parties instrumentales se goupillent parfaitement entre elles (ʺThe wildernessʺ) et on a du mal à comprendre pourquoi le guitariste Jonathan Hultén quitte Tribulation en décembre 2020, juste avant la sortie de l’album. C’est Joseph Tholl qui reprend la six-cordes, juste après avoir quitté lui-même son groupe Enforcer (où Adam Zaars avait également séjourné).

Dans ces conditions, on peut craindre que le départ de la cheville ouvrière qui avait porté Tribulation à son meilleur en composant ce dernier album puisse annoncer un avenir incertain pour l’inspiration du groupe. Croisons les doigts en espérant que Tribulation maintienne avec succès le cap qu’il suit depuis désormais quelques années.

Le groupe :

Johannes Andersson (chant et basse)
Jonathan Hultén (guitare)
Adam Zaars (guitare)
Oskar Leander (batterie)

L’album :

ʺIn Remembranceʺ (6:51)
ʺHour of the Wolfʺ (4:31)
ʺLeviathansʺ (4:55)
ʺDirge of a Dying Soulʺ (5:08)
ʺLetheʺ (2:13)
ʺDaughter of the Djinnʺ (5:35)
ʺElementalsʺ (3:30)
ʺInannaʺ (4:38)
ʺFuneral Pyreʺ (4:22)
ʺThe Wildernessʺ (6:40)

https://www.facebook.com/TribulationSweden/

Pays: SE
Century Media
Sortie: 2021/01/29

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