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TORVUND, Øyvind – The exotica album

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TORVUND, Øyvind – The exotica album

La scène musicale norvégienne underground ne cesse d’étonner l’explorateur de sonorités originales et parfois déstabilisatrices. Il semble en effet que ce pays soit divisé dans ce domaine entre les méchants groupes de black metal qui brûlent les églises (y avait-il un groupe de black metal norvégien en tournée à Paris le jour de l’incendie de Notre-Dame?) et les gentils ahuris qui se perdent volontiers dans les labyrinthes insondables de la musique dite contemporaine. C’est sur ce genre toujours abscons et fascinant que nous allons poser nos yeux aujourd’hui en découvrant le dernier album d’Øyvind Torvund, un musicien né dans la riante bourgade de Porsgrunn en 1976.

Torvund est depuis une douzaine d’années une des chevilles ouvrières de la musique avant-gardiste norvégienne. Diplômé de l’académie de musique d’Oslo et de l’académie des Beaux-Arts de Berlin, il partage son temps entre des groupes d’improvisation parfois inspirés par le rock et des formations plus classiques (Asamisimasa en Norvège, l’Oslo Sinfonietta et le Plus-Minus ensemble en Angleterre). Ses œuvres musicales ont été jouées dans de nombreux festivals de musique contemporaine (Donaueschinger Musiktage, Maerzmusik, Ultraschall, Ultima Oslo Contemporary Music Festival, Transit Festival, Huddersfield Contemporary Music Festival, Other Minds Festival et le Darmstadt International Ferienkurse) et il a participé à une quinzaine d’albums pour le compte de formations orchestrales ou musique de chambre.

En solo, Øyvind Torvund est autant capable de concevoir des albums basés sur les œuvres de compositeurs d’avant-garde comme Luigi Nono (1924-1990), Giacinto Scelsi (1905-1988) pour son album ʺHow sound travelsʺ (2006), que de croiser des influences aussi contradictoires que le hardcore de Black Flag et les chants d’Henry Purcell (pour son album ʺIn power artʺ, de 2006 également).

Pour ce nouveau disque ʺThe exotica albumʺ, Øyvind Torvund va encore étonner son monde en se livrant à des exercices de quasi-musique concrète. Torvund compose les morceaux et les fait interpréter par une quinzaine de musiciens, violonistes, pianistes, trompettistes, trombonistes, flutistes, clarinettistes réunis dans le BIT20 Ensemble, dirigé par Trond Madsen. Les dix morceaux joués ici sont entièrement instrumentaux et donnent une impression de bruitisme consciencieusement aménagé. On y entend à la fois des bruits d’eau, de discrètes percussions et de grandes envolées philharmoniques pratiquées par les instruments à cordes. Il faut bien s’accrocher pour ne pas laisser en chemin sa raison, toujours mise à l’épreuve par cette multiplication de cacophonies sonores, interventions harpistes, couplage de musique symphonique et de bruits divers évoquant des volières sous tension ou des robinets qui fuient (ʺStarry ʺ). On tombe aussi dans des tempêtes de bruits grinçants (ʺWaking up againʺ) ou des concerts de saxophones évoquant la furie des automobilistes coincés dans des embouteillages (ʺJungle alarmʺ).

Bref, il y a ici de quoi titiller son imaginaire et son système cérébro-spinal et si après cet exercice audacieux et dingo, on n’est toujours pas bon pour l’asile, c’est qu’on fait preuve d’une résistance psychique hors du commun. J’ai écouté cet album cinq fois pour préparer cette chronique et je suis toujours debout et en pleine forme mentale. Enfin, je crois… Tiens, mais c’est Jeanne d’Arc que j’aperçois à l’entrée de mon bureau. Mais que fait-elle avec le Docteur Schweitzer ? Il n’est pourtant pas minuit, aaah, aaah, aaah, aaah!

Les morceaux :

Ritual 1 (1:23)
Starry Night (3:38)
Wind Up Paradise Birds (5:09)
Waking Up Again (4:51)
Rainforest Morning (2:29)
Rainbow Crystal (3:22)
Jungle Alarm (3:30)
Ritual 2 (1:48)
Cave (3:02)
Out of the Jungle (4:58)

https://oyvindtorvund.com/

Pays: NO
Hubro Music
Sortie: 2019/03/15

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