TIM FREITAG – Monsters forever
Les Zurichois de Tim Freitag commettent ici un premier album qu’ils ont mis neuf ans à fignoler. Oui, neuf ans, c’est une durée considérable, la période idéale pour perdre tout leadership sur un courant musical si on ne réagit pas tout de suite avec un premier album réalisé dans les temps. Imaginez les Beatles, en 1963, en train de suer sang et eau sur un premier album qu’ils auraient voulu absolument parfait et mettre neuf ans pour le réaliser. Eh bien, en 1972, au moment de réaliser ʺPlease please meʺ, ils auraient été des ringards finis, les Searchers ou les Merseybeats s’étant chargés de devenir à leur place les superstars mondiales de la pop.
Heureusement pour Tim Freitag, il ne s’agit pas de rater une occasion de devenir des sommités d’un courant musical tout nouveau qu’ils auraient inventé puisque les Suisses se contentent ici d’être de bons suiveurs d’une pop dansante déjà explorée il y a bien longtemps par des Franz Ferdinand, des Coldplay ou des Balthazar.
https://www.youtube.com/watch?v=bp6VHuEf_Wg
Janick Pfenninger (chant), Nicolas Rüttimann (guitare), Severin Graf (basse), Lorenzo Demenga (batterie) et Daniel Gisler (claviers) réalisent néanmoins ici un album convaincant, frais, dansant et en même temps empreint d’une certaine tristesse que l’on perçoit surtout sur la seconde partie du disque, lorsque les morceaux dansants et insouciants (ʺBy your sideʺ, ʺCall meʺ) sont passés au début pour installer l’ambiance. Le club disco estival voit en effet de temps à autre tomber quelques feuilles mortes sur le dance floor. On sent déjà poindre ce vague-à-l’âme sur un ʺA kiss, a bang and it’s overʺ, nouvelle réflexion sur l’éternelle idée du post coïtum, animal triste qui taraude souvent les populations. Pourquoi l’amour se ternit-il toujours plus ou moins lorsqu’on a obtenu ce qu’on voulait, comme la lassitude d’un môme qui a tous les jouets qu’il souhaite? Les petits fêtards de Tim Freitag ne peuvent s’empêcher de se poser cette question avec l’angoisse des superficiels qui n’osent pas aller au fond des choses graves.
https://www.youtube.com/watch?v=U1lJTFp-tLM
L’album continue sa descente dans les rythmiques un peu plus ralenties et le chant un peu plus chagriné (ʺTip toeʺ) jusqu’à trouver sa force et sa beauté dans le mélancolique ʺMonsters foreverʺ, hymne à l’angoisse du temps qui passe et qui use les sentiments. Là se trouve la grande chanson de cet album, qui continue à cultiver sa tristesse juvénile avec un ʺBruisesʺ également touchant. La ballade finale ʺAnother heart has lost its placeʺ est là pour confirmer que, non, cet album n’est pas une petite fioriture niaise mais un disque qui dissimule des profondeurs sous son clinquant pailleté. Il fallait peut-être en effet neuf ans pour en venir à bout.
Le groupe :
Janick Pfenninger (chant)
Nicolas Rüttimann (guitare)
Severin Graf (basse)
Lorenzo Demenga (batterie)
Daniel Gisler (claviers)
L’album :
ʺBy Your Sideʺ (03:37)
ʺHold Onʺ (03:34)
ʺCall Meʺ (03:29)
ʺA Kiss, A Bang & It’s Overʺ (03:57)
ʺDress Rehearsalʺ (00:27)
ʺHot, Cold, With & Without Youʺ (03:10)
ʺTip Toeʺ (03:34)
ʺMonsters Foreverʺ (04:02)
ʺBruisesʺ (03:28)
ʺGet Your Shit Togetherʺ (00:35)
ʺAnother Heart Has Lost Its Placeʺ (03:53)
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Pays: CH
Noodle Soup Records
Sortie: 2020/03/13