SWALLOW THE SUN – Moonflowers
Après les chroniques des albums ʺSongs from the north I, II & IIIʺ et ʺWhen a shadow is forced into the lightʺ par mes camarades Hugues et Olivier, je découvre à mon tour Swallow The Sun au travers de son nouvel album ʺMoonflowersʺ. La première question que je me suis posée en entendant ce disque est comment ai-je pu faire pour rater un groupe aussi impressionnant, surtout qu’il existe depuis plus de vingt ans. Mais enfin, on ne peut pas tout connaître dans toutes ces chapelles du rock et du hard rock qui recèlent des dizaines de milliers de groupes.
Parmi ces dizaines de milliers, on va pouvoir isoler un bon millier de groupes majeurs et dans ce millier, il y aura incontestablement Swallow The Sun, dont l’œuvre de huit albums se révèle d’une incroyable solidité, dans un registre doom et death metal mélodique. On va donc faire l’appel de tout cet ensemble : ʺThe morning never cameʺ (2003), ʺGhost of lossʺ (2005), ʺHopeʺ (2007), ʺNew Moonʺ (2009), ʺEmerald forest and the black birdʺ (2012), ʺSongs from the north I, II & IIIʺ (2015), ʺWhen a shadow is forced into the lightʺ (2019) et ce nouveau ʺMoonflowersʺ (2021). Côté personnel, on voit que Juha Raivio (guitare), Mikko Kotamäki (chant) et Matti Honkonen (basse) forment le noyau historique du groupe depuis vingt ans, Juho Räihä (guitare, chœurs) et Juuso Raatikainen (batterie) ayant rejoint Swallow The Sun en 2018 et ayant ainsi participé aux deux derniers albums.
Juha Raivio et son équipe ont habitué leur auditorat à des chansons assez tristes et sombres, illustrant parfaitement une veine death et doom metal gothique d’abord inspirée par le groupe My Dying Bride mais trouvant rapidement un cheminement personnel et original. Mais depuis que Juha Raivio a perdu sa compagne Aleah Stanbridge, chanteuse de Trees of Eternity emportée par un cancer en 2016, il semble porter sur ses épaules tous les chagrins de la terre. Il ne doit y avoir rien de plus sinistre sur terre qu’un Finlandais en deuil. Parce que pour ce qui est du contenu de ce dernier album, on va pouvoir considérer que Dostoïevski, Céline, Mahler, Le Caravage, Tarkovski ou Nick Drake sont des modèles de fins plaisantins subventionnés par le cirque Grüss.
Rythmes lents et violons éplorés débutent cette procession avec ʺMoonflowers bloom in miseryʺ, un des très nombreux titres qui dépassent les six minutes. Swallow the Sun n’hésite pas en effet à s’épancher dans de longues progressions où mélancolie et accès de rage se succèdent, comme sur les superbes ʺEnemyʺ ou ʺWoven into sorrowʺ. ʺKeep your heart safe from meʺ opère selon le même schéma de successions de chevauchées brutales de guitares laissant soudain la place à des passages cotonneux, où la voix paraît plongée dans une brume lointaine mais jamais à l’abri de nouvelles poussées violentes. Sur ʺAll hallows’ grieveʺ, c’est Cammie Gilbert d’Oceans Of Slumberʺ qui vient poser une voix angélique sur un morceau lent et langoureux, parfaite occasion de sortir une seconde boîte de mouchoirs en papier pour mieux chialer devant la beauté suprême de ce morceau. Le groupe s’installe alors dans une dernière partie d’album très planante, toujours portée par le souffle d’une tristesse minérale et d’une poésie sépulcrale. ʺThe voidʺʺ est ainsi à tomber par terre et ʺThe fight of your lifeʺ se déverse en guitares cristallines soutenant un chant clair qui accompagne peu à peu le morceau vers des apogées grandioses. Le dernier titre ʺThis house has no homeʺ assemble des passages de natures radicalement opposées, où la candeur du chant et des mélodies romantiques est subitement lézardée par des accès de black metal radical, comme un combat entre le bien et le mal convoitant une même âme.
Swallow The Sun a également prévu rien moins qu’un deuxième disque bonus pour cet album, où les morceaux sont joués en version orchestrale et acoustique par le trio NOX, qui enregistre dans une église médiévale à Sipoo en Finlande. Ces titres sont plus courts mais rendent compte à leur manière du caractère universellement épique et grandiose de cet album ʺMoonflowersʺ dont la pochette a été dessinée par Juha Raivio à partir de fleurs mortes sur un disque rouge peint avec son propre sang. Dans le genre écorché vif, on ne peut pas faire mieux et si vous vous sentez d’humeur tristounette en ce morne hiver toujours hanté par la crise sanitaire, ʺMoonflowersʺ sera le compagnon idéal pour s’abîmer dans le chagrin et la dépression.
Le groupe :
Juha Raivio (guitare)
Mikko Kotamäki (chant)
Matti Honkonen (basse)
Juho Räihä (guitare, chœurs)
Juuso Raatikainen (batterie)
L’album :
ʺMoonflowers Bloom in Miseryʺ (6:19)
ʺEnemyʺ (5:39)
ʺWoven Into Sorrowʺ (7:46)
ʺKeep Your Heart Safe from Meʺ (7:47)
ʺAll Hallows’ Grieveʺ (5:37)
ʺThe Voidʺ (5:39)
ʺThe Fight of Your Lifeʺ (7:13)
ʺThis House Has No Homeʺ (6:40)
https://www.facebook.com/swallowthesun
Pays: FI
Century Media
Sortie: 2021/11/19