SONUS UMBRA – A sky full of ghosts
Les origines de Sonus Umbra remontent déjà à une trentaine d’années, loin de Chicago qui est désormais le quartier général du groupe. En effet, c’est au Mexique en 1991 que l’on repère le membre fondateur de Sonus Umbra, un certain Luis Nasser qui tient la basse dans un groupe qui s’appelle encore Radio Silence. Ce groupe connaît un petit succès localement mais se sépare en 1994. C’est alors que Luis Nasser émigre aux États-Unis, arrive à Baltimore et se fait engager en 1997 dans Kurgan’s Bane, un combo progressif fondé par les frères Pete et Jeff Laramee. C’est au cours d’une séance d’enregistrement que Luis Nasser fait la connaissance de l’ingénieur du son John Grant, fort intéressé par les démos de Radio Silence que Nasser possède. Nasser et Jeff Laramee font alors revenir deux anciens membres de Radio Silence, Ricardo Gómez (guitare) et Andrés Aullet (chant) pour à la fois reformer brièvement Radio Silence, éditer un unique album ʺLaughter in the darkʺ (1999) et dissoudre ce groupe pour le renommer en Sonus Umbra en 2000.
Luis Nasser et Jeff Laramee continuent donc de jouer dans Kurgan’s Bane tout en évoluant dans Sonus Umbra qui édite trois albums durant une première phase d’existence : ʺSnapshots from limboʺ (2000), ʺSpiritual vertigoʺ (2003) et ʺDigging for zerosʺ (2005). Andrés Aullet quitte le groupe en 2005, est brièvement remplacé par Lisa Francis (vocaliste de Kurgan’s Bane) mais Sonus Umbra connaît en 2006 une mise en sommeil, qui va durer six ans.
En 2012, en effet, Luis Nasser remonte son groupe avec un line-up renouvelé, composé d’Andy Tillotson (batterie, guitare, chœurs), Roey Ben-Yoseph (chant), Rich Poston (guitare, claviers), Steve Royce (flute, claviers, chant), Tim McCaskey (guitare acoustique, chant) et Brittany Moffitt (chant, arrivée en 2013 mais repartie en 2017). Cela fait du monde mais pour se livrer au rock progressif complexe et ambitieux de Sonus Umbra, il faut bien ça. En effet, avec ce nouvel équipage, le groupe de Luis Nasser, désormais basé à Chicago, monte davantage en puissance avec les nouveaux albums ʺWinter soulsticeʺ (2013) et surtout ʺBeyond the panopticonʺ (2016) et ʺA sky full of ghostsʺ, sorti à la fin de l’année dernière.
Ces deux derniers albums en date forment en fait un ensemble basé sur une histoire de science-fiction mettant en vedette un inconnu qui découvre dans le premier album que tous ses souvenirs sont fabriqués, un peu dans le genre ʺTotal recallʺ. On retrouve le personnage dans le deuxième album ʺA sky full of ghostsʺ, cette fois-ci à bord d’un vaisseau perdu dans l’espace. Il croit devoir lutter contre l’ordinateur central du vaisseau, qu’il soupçonne de vouloir l’anéantir. Mais le héros finit par découvrir que cet ordinateur central, appelé Lorelei, est en fait son allié qui l’aide à trouver une nouvelle planète alors que la Terre a été détruite par la folie des hommes. L’air est connu mais c’est une allégorie sur la nécessité pour l’humain de ne pas déclarer la guerre écologique à son propre environnement afin de pouvoir continuer à vivre durablement en paix.
Dans cette grande fresque, Sonus Umbra a mis des moyens musicaux importants. Son rock progressif à la fois classique (on entend souvent une flûte qui rappelle Jethro Tull) et modernisé (il y a aussi du Opeth par-ci, par-là) propose de longues expéditions dans des morceaux au long cours (ʺAntidentityʺ, ʺBleary-eyed peopleʺ, ʺThe last menagerieʺ, ʺThe waves will devour the seaʺ) qui culminent avec les vingt minutes de ʺHidden in the lightʺ, pièce maîtresse de l’ensemble. Les compositions révèlent une écriture fouillée, une interprétation irréprochable du point de vue technique et l’ensemble se laisse écouter agréablement. Si cet album fait le pari de la longue haleine, il parvient néanmoins à éviter l’essoufflement et arrive tout frais et dispos au terme de ce long parcours. Du bel ouvrage dans une tradition prog connue mais qui a su se renouveler grâce aux talents de Sonus Umbra.
Le groupe :
Luis Nasser (basse, guitare, claviers, chœurs)
Andy Tillotson (batterie, guitare, chœurs)
Roey Ben-Yoseph (chant)
Rich Poston (guitare, claviers)
Steve Royce (flute, claviers, chant)
Tim McCaskey (guitare acoustique, chant)
David Keller (violoncelle)
L’album :
ʺAntidentityʺ (07:02)
ʺBleary-Eyed Peopleʺ (08:09)
ʺDesolation Dreamsʺ (03:28)
ʺHidden in the Lightʺ (20:52)
ʺLosing My Insanityʺ (04:33)
ʺThe Last Menagerieʺ (07:09)
ʺTime Is Running Outʺ (02:54)
ʺThe Waves Will Devour the Seaʺ (06:25)
ʺApogeeʺ (04:02)
https://gotsonus.bandcamp.com/album/a-sky-full-of-ghosts
https://www.facebook.com/sonusumbra
Pays: US
Autoproduction
Sortie: 2020/12/22