SKLOSS – The Pattern Speaks
Skloss est l’un des effets secondaires inattendus du Covid. Pas de panique ! Vous n’allez pas encore perdre le sens du goût et de l’odorat. Un peu d’ouïe, peut-être, si vous exagérez avec le curseur du volume de votre lecteur audio. Mais là, ce sera de votre faute, pas de celle du virus.
Confinés dans leur domicile d’Austin au Texas durant la pandémie, Karen Skloss, ex-batteuse du groupe Indie Rock Texan Moving Panoramas et son mari Sandy Carson, guitariste du projet électro-rock Iglomat commençaient à trouver le temps long. Plutôt que de faire comme les autres couples en se tapant sur les nerfs ou en préparant des documents de divorce, les tourtereaux préférèrent, semble-t-il, se brouiller avec leurs voisins en jammant à longueur de journée. Au fil des heures passées à molester leurs instruments en poussant toujours plus haut le volume des amplis (NDR : pour couvrir le bruit du voisinage hostile, probablement), les démonstrations de frustrations sonore devinrent des rythmiques, des riffs et, finalement, des chansons. Ainsi est né le groupe Skloss, dans la tourmente d’un monde agonisant. Mais toutes les choses ont une fin, même la fin du monde. Fort du matériel sonore composé au cours des mois d’isolement forcé, le duo publia un premier EP intitulé «Voices Travel Through This ». Dès la réouverture des salles de concert, la famille Skloss/Carson se mit à profiter de sa liberté retrouvée, passant les deux années suivantes sur les routes à partager les planches avec des formations telles que Divide & Dissolve, Messa, The Well, Glorium et Oryx. Au printemps 2024, le groupe s’enferma (de manière volontaire, cette fois) en studio pour enregistrer son premier album en compagnie de l’ingénieur et coproducteur Charles Godfrey (Yeah Yeah Yeahs, Swans).
Le résultat de cette collaboration s’intitule «The Pattern Speaks», il est disponible depuis le 7 mars 2025 sur le label londonien Fuzz Club Records qui, dans sa grande bonté, a eu la bonne idée de nous en faire parvenir une jolie version vinyle colorée.
‘Space-Gaze‘. Telle est la dénomination par laquelle le groupe et son label définissent la musique gravée sur la plaque. C’est la première fois que nous sommes confrontés à ce terme et nous ne savons pas vraiment comment le comprendre. L’un des nombreux dictionnaires en ligne définit le mot comme […] l’action de regarder droit devant soi sans fixer un point précis […]. Nous imaginons quant à nous qu’il s’agit plus d’une contraction des termes Space Rock et Shoegaze, ce qui, musicalement, correspondrait plutôt bien au mélange original d’atmosphères psychédéliques et de guitares plombées et qui serait plutôt approprié pour décrire la musique d’un groupe qui s’est découvert une envie de grands espaces alors qu’il en était réduit à ne pas voir plus loin que le bout de ses chaussures.
Skloss nous propose ici quarante-cinq minutes d’une musique grasse et psychédélique, constituée de riffs de guitares sales et distordus, tantôt vibrants façon drone, tantôt Heavy et hypnotiques à la manière du Post-Metal. Aux murs de guitares suffocants et aux rythmiques féroces s’opposent des voix féminines (surtout) et masculines délicieusement fragiles et éthérées.
Amalgame intense de rage contenue, de frustrations refoulées et de rêverie mélancolique, «The Pattern Speaks» est la bande son parfaite du film imaginaire relatant nos souvenirs de confinement.
- « The Pattern Speaks » (06:18)
- « Mind Hive » (04:06 )
- « Imagine 100 Dads » (06:11 )
- « Dead Bone » (05:52)
- « Snorkels Ask » (05:58)
- « Upper Attic » (04:18)
- « Plugged Into Jupiter » (06:13)
- « Ghosts Are Entertaining » (06:13)
Le groupe
- Karen Skloss – Chant, batterie
- Sandy Carson – Guitare, chant
Pays: US/GB
Fuzz Club – FC257 – Promo NO Exit PR
Sortie: 2005/03/07