SAVAGE MESSIAH – Demons
Avec le temps, Savage Messiah s’accroche à son petit bout de terrain sur la grande prairie du heavy metal et construit tranquillement son petit fortin d’où il envoie ses expéditions punitives sur les tympans des amateurs du genre. Les premiers assauts ʺInsurrection risingʺ (2009), ʺPlague of conscienceʺ (2012) et ʺThe fateful darkʺ (2014) avaient vu le groupe monter en puissance, à la grande satisfaction de son leader Dave Silver qui sortait de quelques années à se chercher un style chez Headless Cross, un petit combo heavy de Birmingham. Avec Savage Messiah, Dave Silver est monté à Londres avec ses sbires, dont les effectifs ont tendance à beaucoup changer. Il y a eu l’époque de Sam S Junior (guitare), Andrea Gorio (batterie) et Sasha Krohn (basse), et c’est maintenant au tour de Mira Slama (basse, ex-Monument), Charlie Carretón (batterie) et David Hruska (guitare) d’accompagner Dave Silver sur le dernier album du groupe.
Les postes de bassiste et de batteur viennent de changer au sein du groupe, au moment où celui-entrait en studio pour concocter ʺDemonsʺ, successeur de ʺHands of fateʺ, sorti en 2017 sur le label Century Media. Cette accession à un label majeur de la sphère métallique est un signe de réussite sociale pour Savage Messiah, qui avait aussi transité chez la mythique maison Earache pour ses albums de 2012 et 2014. Ces disques, alliant savamment power metal à la limite du thrash et interventions plus mélodiques, pouvaient faire tache chez un label qui avait commencé ses méfaits en recrutant tout ce que l’Angleterre comptait de plus extrême en matière de groupes de métal. Mais l’ensemble gardait quand même une assez bonne tenue, navigant entre Helloween, Judas Priest, Metallica et In Flames.
Sur ʺHands of fateʺ, toujours produit par la fidèle Scott Atkins (qui a produit tous les albums de Savage Messiah), on pouvait déjà noter une nette poussée de la tendance mélodique au détriment de la violence thrash, un peu comme si Bon Jovi s’était retrouvé recruté de force chez Metallica. Il n’est donc pas étonnant que certains fans de la première heure se soient rebiffés contre ce disque quelque peu mou du genou à leur goût. Sur ce nouveau ʺDemonsʺ, on garde un peu la même ligne mélodique mais je dirais ici que Bon Jovi est maintenant otage chez Helloween car la ligne sonore de Savage Messiah a repris un peu de poil de la bête. Il faut entrer péniblement dans l’album avec quelques titres faciles et maniérés comme ʺVirtue signalʺ et ʺWhat dreams may comeʺ mais ensuite, on s’habitue à la température du liquide dans lequel baigne ʺDemonsʺ. Ça se durcit davantage avec ʺHeretic in the modern worldʺ, bien bardé de riffs velus. On dérape encore un peu avec le très hymnique ʺParachuteʺ, un peu celtique dans son approche et qui incite à beugler des refrains idiots en buvant du whisky écossais, puis on retrouve la route du fer sur ʺUnder no illusionsʺ, joué à la façon speed mélodique. ʺDown and outʺ poursuit ce croisement entre mélodie et guitares explosives, en confirmant la ligne choisie par Savage Messiah pour ce nouvel album, une ligne qui trouve sa pleine signification sur la ballade ʺThe lights are going outʺ, à la lourdeur kissienne et au chant qui ne semble jamais vouloir quitter l’ombre de Bon Jovi.
Arrivé à ce niveau de l’album, je cherche toujours le morceau qui pourrait marquer l’esprit une bonne fois pour toutes. ʺThe bitter truthʺ pourrait être celui-là mais il reste trop caractéristique de ce qu’on a écouté jusqu’à présent. ʺUntil the shadow fallsʺ? Petite ballade gentille, il faudra patienter. ʺRise then fallʺ, alors? Peut-être bien, surtout pour son titre qui résume bien la direction que prend Savage Messiah. Ma préférence ira finalement à ʺSteal the faith in meʺ, non seulement parce qu’il résume bien l’esprit de l’album, entre soie et acier, mais aussi parce que c’est le dernier et qu’on va pouvoir remiser ce petit album sans grande envergure dans les rayonnages en attendant de se mettre quelque chose de plus convaincant sous l’oreille.
Le groupe :
Dave Silver (chant)
Mira Slama (basse)
Charly Carretón (batterie)
David Hruska (guitare et choeurs)
L’album :
Virtue Signal (04:09)
What Dreams May Come (03:59)
Heretic in the Modern World (04:10)
Parachute (04:01)
Under No Illusions (04:11)
Down and Out (03:59)
The Lights Are Going Out (05:12)
The Bitter Truth (04:04)
Until the Shadows Fall (04:08)
Rise then Fall (03:12)
Steal the Faith in Me (03:56
https://www.facebook.com/SavageMessiah/
Pays: GB
Century Media
Sortie: 2019/05/17