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RUN SOFA – The joy of missing out (EP)

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Apprêtez-vous à faire connaissance avec un des meilleurs secrets musicaux cachés dans la bonne ville de Charleroi. Sur ces terres noires se dissimule un petit duo lumineux, run Sofa (sans majuscule sur le premier mot, c’est comme ça). Cette liberté avec la grammaire est aussi le signe avant-coureur d’une liberté musicale revigorante, un mélange entre post-punk et hip-hop qu’il n’a pas souvent été donné d’entendre par le passé.

Ce sont deux cousins, Antonio Romero (chant) et Julien Tassin (guitare) qui bricolent cet amalgame efficace et déroutant. Avec déjà un premier EP ʺShenanigansʺ (2016) et un premier album ʺSAY.ʺ (2018), le duo commet son deuxième EP ʺThe joy of missing outʺ. L’évolution musicale sur ces trois opus est sensible. Run Sofa émet dans un premier temps un post-punk psychédélique chatouillant parfois des nuances caribéennes sur son premier EP avant de bifurquer un peu plus vers une association entre post-punk et parties scandées à la façon rap ou hip-hop sur son premier album.

Avec son nouvel EP, les traits se renforcent, les approfondissements surgissent et le duo trouve son caractère. ʺThe joy of missing outʺ ne contient que six titres mais est d’une impeccable densité. A la fois doués pour les compositions et l’instrumentation mais aussi capables de prendre un recul pour titiller l’absurde et le dérisoire, les cousins s’en donnent à cœur joie dans un lâcher de sons incongrus et de rythmiques hypnotiques qui renversent les barrières de la bonne convenance sonore. On démarre sur un gros tempo hip-hop surchargé en électricité et en battements furieux (ʺWeirdʺ), immédiatement relayé par une variation sur le même thème, où le hip-hop prend même un peu plus le dessus (ʺAsk my cousinʺ). Les effets électro permettent à celui qui n’a aucune appétence pour le hip-hop (comme moi…) de tripper quand même. ʺ27ʺ se veut plus gras et à la limite du punk hardcore mais il associe toujours avec discernement des éléments hip-hop avec un gros son de guitare sur fond de tempos tribaux. Les Bérurier Noir rencontrent Snoop Doggy Dog, en quelque sorte.

ʺNot a songʺ marque le début de la seconde moitié de cet album et inaugure une phase plus expérimentale, avec des régurgitations de guitares électriques psychédéliques qui viennent fondre sur des couplets au chant plus distordu et hypnotique. ʺThe new us (Don’t give a shit)ʺ conserve cette ligne lourdement électro mâtinée de hip-hop, à nouveau déconcertant et étouffant. Et on se finit le bulbe rachidien avec ʺA smile at ur faceʺ, épopée synthétique et rythmée approchant des huit minutes, permettant des envolées incontrôlables. Ce titre est interrompu dans son milieu par une minute de silence à l’issue de laquelle une fin répétitive et tribale donne envie d’écouter tourner sa machine à laver ou son moulin à café.

Pour être capable de concilier avec intelligence et puissance ces genres pas toujours conciliables que sont le hip-hop et le post-punk, run Sofa mérite le détour. Et on a de la chance, c’est du belge.

Pays: BE
Autoproduction
Sortie: 2019/04/24

https://runsofa.bandcamp.com/album/run-sofa-the-joy-of-missing-out

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