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PILES – Una volta

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On remarquera déjà, rien qu’au nom du groupe et à celui de son premier album, tous les jeux de mots que l’on peut faire au sujet des piles et de Volta, pour faire dans le calembour électricien. D’autant plus qu’il va être question ici de batteries. Mais des batteries avec des fûts et des cymbales. Et là, on retourne dans le domaine du sérieux quand on découvre que le principal protagoniste de ce projet Piles n’est autre Guigou Chevenier. Oui, à moins d’être dans l’avant-prog ou le rock in opposition, des courants musicaux assez aventureux des années 1970, on ne connaît généralement pas Guigou Chevenier. L’homme est né à la Tranche-sur-Mer (Vendée) en 1955 et s’est fait un nom avec le groupe Etron Fou Leloublan, figure de l’avant-prog des années 70 et auteur d’une demi-douzaine d’albums bien agités du bocal entre 1973 et 1986, période d’activité du groupe. On trouve aussi Guigou Chevenier dans divers groupes expérimentaux tout au long des années 1980 (Les Batteries, Buga Up, Encore + Grande), 1990 (Octavo, Volapük) et jusqu’à maintenant (Rêve Général, Le Miroir & Le Marteau). Et bien entendu, Guigou Chevenier aligne aussi une impressionnante série d’albums solos, commis de 1982 à 2006.

La dernière lubie du personnage est donc de monter un groupe de trois batteurs qui se livreraient à des expérimentations percussionnistes naviguant entre bruitisme pur et drone mécanisé. Michel Deltruc et Anthony Laguerre se joignent à ce projet. Le premier a appris la batterie tout seul et a notamment travaillé dans le Nancy Jazz Action (NAJA), avec Rosette, Terry Ex, Jagger Naut, Christelle Sery ou Thierry Madiot. Le second est producteur et ingénieur du son et il joue avec Filiamotsa, Club Cactus ou Myotis.

Ces trois lascars forment donc Piles, qui se veut un projet artistique total, tant sur le plan sonore que visuel, puisque le premier album est également accompagné d’un livret de 32 pages créé par le graphiste Bas Mantel. On y trouve des collages en noir et blanc censés représenter tout à la fois l’art de la danse, la circulation des molécules ou la répétition de schémas électromagnétiques. Jusqu’à présent, tout va bien. Mais la folie douce et entraînante s’invite aussi sur le disque, au travers de huit compositions entièrement basées sur les percussions qui jouent tout aussi bien sur des effets de puissance (“Drones and piles », “Mort aux cons ») que sur des rythmes tribaux (“Decay ») en passant par un certain minimalisme (“Ulrik ») ou des choses beaucoup plus cosmiques (“Kraut and piles », “Materials in US »)

On est ici entre savants fous de l’anti-accord absolu et il est bien évident que les Piles qui sont ici n’intéresseront pas les fans de Madonna, de musique militaire lettone ou de rock sudiste. Mais pour ceux qui veulent bien rester, ce sera encore une fois une expérience dont on ne revient pas intact.

Pays: FR
Aago Records/Rev Laboratoires
Sortie: 2018/10/05

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