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VOIVOD – The wake

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Alors qu’on se faisait du souci pour Voivod après la disparition de leur guitariste historique Denis « Piggy » D’Amour en 2005, le groupe québécois semble avoir surmonté ce funeste événement. D’abord avec le recyclage réussi des dernières ébauches musicales qu’avait laissé Piggy (les albums « Katorz«  en 2006 et « Infini«  en 2009), ensuite avec un convaincant album « Target Earth«  (2013), suivi d’un EP « Post society«  (2016) tout aussi appréciable. En fait, il est apparu que tous les fans des techno thrashers de Voivod attendaient le groupe au tournant depuis ces dernières années.

Ce que l’on peut dire, c’est que Voivod a parfaitement bien négocié ce virage et arrive en terrain conquis avec ce nouvel album « The wake ». Lorsqu’on parle de Voivod, tous les métalleux vous le diront : ce groupe est connu pour être un des plus inclassables, un des plus technocratiques et des plus complexes de la scène métallique, et cela depuis plus de 35 ans. Le nom du groupe représente en fait un personnage de fiction qui hante les albums de Voivod les uns après les autres, pour des histoires et des concepts de science-fiction d’une complexité qui feraient passer Frank Herbert ou A.E. Van Vogt pour des scénaristes de films de Steven Seagal.

D’abord authentiquement thrash metal sur deux premiers albums qui en ont fait un versant intellectuel de Venom, les hommes de Voivod ont rapidement complexifié leurs propos, inaugurant une sorte de thrash metal progressif ou encore de space metal. Avec les album « Dimension hätross » (1988) ou ?Nothingface » (1989), on a atteint des sommets de raffinement dans ce domaine. Et puis le brave Piggy a cassé sa pipe, ses vieux compagnons Michel « Away » Langevin (batterie) et Denis « Snake » Bélanger (chant) ont continué le combat et ont recruté récemment Dominique ?Rocky » Laroche à la guitare.

Et revoilà le groupe aujourd’hui avec un « The wake » qui retrouve les éléments d’inspiration qui avaient fait la grandeur de « Dimension hätross » et « Nothingface ». Voivod reprend ses vieux thèmes de prédilection, axant ici ses propos sur le post-modernisme d’une société devenue inhumaine, où l’individu n’est plus qu’un produit, un élément d’une équation absurde (« Obsolete beings »). Musicalement, le quatuor est très à l’aise dans les constructions longues et complexes (« The end of dormancy », « Iconspiracy »), qui se distinguent par des changements d’épisodes rythmiques capricieux et déconcertants. La voix de Snake est grinçante et menaçante, tandis que Rocky exécute des solos de guitare habiles et rageurs. Du point de vue batterie, Away est un maître, capable de toutes les subtilités polyrythmiques, à l’instar du grand Neil Peart de Rush, dont il s’est inspiré.

Le summum de l’album est en fait pour la fin, avec les douze minutes de « Sonic mycelium » qui nous servent du grand Voivod, terminé par des nappes de violons neurasthéniques, histoire de bien souligner le caractère pessimiste de l’album qui, musicalement et artistiquement, est tout simplement brillant. Là où il est, le défunt Piggy doit se réjouir de voir ses vieux camarades relever parfaitement le défi de la continuité du talent de Voivod. Chapeau bas.

Pays: CA
Century Media
Sortie: 2018/09/21

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