AN AUTUMN FOR CRIPPLED CHILDREN – The light of september
Un truc facile consiste pour certains groupes – de metalcore, pour ne pas les nommer – à mélanger une musique agressive à des vocaux mélodieux. Le premier qui a eu l’idée de faire cela était donc un génie mais les milliers de groupes qui se sont engouffrés ensuite dans cette solution se sont vite perdus dans les méandres de l’absence d’originalité. Alors que c’était si simple de trouver la solution contraire, à savoir de la musique mélodieuse avec un chant agressif. Et là, bingo! Le groupe qui a eu cette idée est donc un génie et pourra le rester même si son style se met à être copié par des milliers d’autres groupes.
Les petits malins qui ont eu cette idée s’appellent An Autumn For Crippled Children, une formation néerlandaise qui associe donc la dramaturgie du shoegaze à des crissements hurleurs typiques du black metal. Enfin, soyons quand même un peu précis : le côté mélodique de la musique d’An Autumn For Crippled Children n’est pas forcément conseillé pour endormir les nouveau-nés. Mais la différence très tranchée entre les hurlements inaudibles du chanteur et la variété des rythmes et des instruments qui peuplent l’instrumentation font de l’aspect musical un petit coin de tranquillité et de douceur romantique, même si ça secoue quand même un peu par une approche énergique tout à fait intéressante.
An Autumn For Crippled Children pratique son style depuis un bon paquet d’années puisque le premier album « Lost » remonte à mars 2010. Suivront « Everything » (2011), « Only the ocean knows » (2012), « Try not to destroy everything you love » (2013), « The long Goodbye » (2015), « Eternal » (2016), l’EP « Morfine » (2017) et « The light of September » (2018). Si le premier album était encore assez marqué par des sonorités post-black metal (paroles et musique), An Autumn For Crippled Children trouve sa voie artistique dès le deuxième album. Ce sera shoegaze mélancolique et voix black metal déchiquetée à tous les repas. Avec le temps, des éléments de synthétiseurs plus prononcés s’insinuent, donnant également à l’ensemble un côté dark wave ou gothique. Dans cette optique, l’album « Only the ocean knows » se révèle assez convaincant. Evidemment, ce style a déjà reçu un nom de la part des classificateurs fous des sous-genres musicaux : cela s’appelle du blackgaze et ça existe depuis une douzaine d’années.
Toujours est-il qu’An Autumn For Crippled Children se révèle très intéressant dans son genre, même si son nouvel album ne peut pas être considéré comme son meilleur. Le premier titre « The light of September » surprend avec ses claviers très new wave et son chant tout déchiré, surtout si ce morceau est le premier que l’on entend en provenance de ce groupe, ce qui est mon cas. La suite fait en quelque sorte l’effet d’une rencontre entre Simple Minds et Immortal, ce qui ne manque pas de piquant (« New hope »). L’album a tendance à suivre les mêmes filons, en entretenant à bon escient un aspect très dramatique et puissant (« Hiding in the dark », ?The silence inside?, « A new day has come »).
Le groupe avait jusqu’à présent émis ses disques sur de petits labels et il a enfin été repéré par Consouling Sounds, qui l’a accroché à son impressionnant tableau de chasse. Et quand ça vient de chez Consouling, l’aventure sonore est forcément au rendez-vous. A découvrir.
Pays: NL
Consouling Sounds
Sortie: 2018/09/14