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LEMAN, Piwi – Toujours debout

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Je vous ai souvent parlé de ce troubadour des temps modernes, artiste multi-cartes qui jongle aussi bien avec ses percussions que la langue française (dans ce qu’elle a de plus noble mais parfois aussi dans ce qu’elle a de plus franc et direct) alors en toute logique car j’ai plaisir à vous montrer les nombreux projets et artistes qu’il porte à bout de bras, je viens ici vous compter le contenu de son premier album personnel « Toujours debout ». Il m’a récemment dit que ce serait un honneur pour lui de parler de son album en fait, c’est plutôt moi qui ai l’honneur de vous présenter une très belle œuvre musicale et philosophique, qui débute par une narration riche en mots forts et vrais ici simplement accompagné d’un ukulélé. Puis le chant se met en marche toujours en gardant comme objectif, d’aligner de belles phrases parfois crues parfois sensibles qui toucheront sans aucun doute celui qui sait décortiquer ce premier très beau texte. Voilà « Toujours debout » c’est ça un démarrage à la fois poétique et philosophique, qui permet ensuite à un rock français rappelant bien évidemment le projet Fitz que partage Piwi Leman avec son comparse Dami (Damien Polfliet) ici d’ailleurs présent pour s’occuper des lignes de guitare et de basse, pour lancer la sauce rock’n’roll qui garde en ligne de mire le fait de poser des textes porteurs d’histoires simples avec à chaque instant un choix chirurgical pour chaque mot !

Encré en plein territoire du rock parallèle français, l’artiste (le multi-artiste en fait) couche enfin ses premières vrais chansons à lui, à travers une démarche de longue haleine…un long processus qui accouche aujourd’hui d’un magnifique recueil de chansons où, la musique et les textes sont parfaitement mis sur un même pied. Ici point de décalage mais plutôt une parfaite harmonie entre une orchestration maîtrisée qui revient sur le troisième morceau vers quelque chose de plus temporisé et, des textes dignes d’un poète ou d’un écrivain. Poésie et philosophie continuent de colorer les mots choisis, un phrasé de grande qualité qui ne triche pas en racontant des histoires à dormir debout mais plutôt des tranches de vie en adéquation avec les choses simples de la vie…sans oublier le côté sombre et quelque part la mauvaise face de l’homme et tous ses travers. Mais bon restons positif avec ce ukulélé qui apporte une coloration plus chaleureuse et la possibilité de s’évader vers les îles par exemple, une note aussi positive à travers des paroles qui nous forcent à nous relever et montrer le meilleur de nous mêmes (« Les premiers les derniers »).

Attention « Les p’tits papiers » nous ramènent malheureusement vers la réalité, avec une chanson qui nous rappelle l’importance de tous ces fameux documents qui soi-disant nous identifient ! La facette philosophique et révolutionnaire de Piwi se réveille ici comme un vent d’anarchie, l’artiste nous rappelant qu’il est bel et bien un écorché-vif capable de parler à travers ses chansons de thèmes de société trop souvent sensibles ! De nouvelles narrations brutes et dures à entendre refont à nouveau surface, pour nous rappeler que notre belle langue de Molière sert aussi à dénoncer ce qui fait mal, notre artiste étant d’ailleurs un orfèvre dans l’art de choisir les mots qui retiennent toute l’attention de celui qui sait les comprendre.

Un tempo plus cadencé et plus rock au sein de « FJ » permet alors une transition rythmique où, un souffle de psychédélisme et quelques bruitages électro nous maintiennent attentif à l’écriture pointue de l’artiste. Une facette rock qui dans « Tes ailes et ton enveloppe aux flammes » rappelle les Rita Mitsouko aussi bien au niveau de l’orchestration que du chant ici à deux voix (masculin et féminin), une musique résolument plus rythmée depuis plusieurs compositions puisque le ukulélé s’accompagne d’autres instruments et où, la voix de Piwi se fait encore plus présente. La fin de parcours étant résolument rock jusqu’au morceau « 25 dans ma tête » avec un travail qui fait corps avec celui de Fitz et donc son côté rock rebelle, notre funambule des mots décide finalement de terminer sur un tempo plus posé où, le ukulélé s’isole à nouveau avec un chant à deux voix sans oublier une guitare électrique aérienne qui part à deux reprises vers les hauteurs .

Si l’orchestration est ici jouée avec vigueur mais surtout avec finesse, car elle épouse magnifiquement les textes de chaque chanson, c’est bel et bien le travail d’écriture et donc le choix des mots qui prouve tout le savoir-faire de cet artiste unique, qui maîtrise de manière déconcertante toute la richesse de la langue française. Une belle personne haute en couleurs qui quelque part, construit un pont temporel avec de grands artistes disparus comme Brassens ou Brel car au sein de ce bel album, on y retrouve cette même recherche intense du bon mot !

Line-up :
Piwi Leman (écriture, composition, ukulélé, chant, batterie et percussions)
Damien Polfliet (guitares, basse)
Noémie Rhéa (chant)
François Cappelle (basse)

Piwi Leman « Les premiers les derniers »

Pays: BE
Autoproduction
Sortie: 2018/09/15

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