IMMOLATED MOTH – Pain

Lors de l’évocation du EP « This broken mind«  d’Immolated Moth, nous avions eu l’occasion d’évoquer l’état de santé dramatiquement désastreux de Thom Bleasley, concepteur unique de ce projet death metal anglais. Thom Bleasley souffre effectivement de fibromyalgie, une maladie incapacitante qui s’en prend aux nerfs et laisse ceux qui en souffrent dans un état de faiblesse épouvantable.

Pourtant, ce musicien qui rêvait d’être ingénieur du son a décidé de ne céder du terrain à sa maladie qu’au prix d’une résistance acharnée, où chaque jour supplémentaire est une victoire sur le néant. Et ici, il n’est pas simplement question de survivre un peu, il s’agit de construire une œuvre musicale malgré les souffrances, malgré les handicaps, malgré l’immobilisation et l’engourdissement des membres. C’est pour cela que chaque jour, Thom Bleasley monte au front, se saisit de ses instruments qui pèsent des tonnes pour lui et compose un death metal qui doit certainement être ce que l’infortuné garçon ressent le mieux au fond de lui.

Thom Bleasley avait déployé des efforts surhumains dans un EP alors qu’il était encore un peu capable de se mouvoir, eh bien, il composera un album entier alors que la maladie l’a affaibli encore plus, c’est comme ça. Et ici, on va découvrir un musicien qui sait de quoi il parle quand il intitule son album « Pain » et qu’il écrit des morceaux comme « Suffer in peace », « Anger », « Insidious despicable sickness », « Interrupted reality », « Extinction » ou « Complexity ». Thom Bleasley profère toujours ici un death metal brutal, brouillon, angoissé, délivré à l’issue de morceaux assez longs (dans les sept minutes en moyenne), ce qui fait qu’il arrive à près d’une heure de musique sur ce disque. Pour un quasi-agonisant, c’est une démonstration de force et de volonté qui force le respect.

Il ne reste plus qu’à se laisser conquérir par le death particulièrement torturé et pas toujours facile d’accès d’Immolated Moth qui, du fait de la maladie de son créateur, revêt une originalité évidente. On aurait aimé pour Thom Bleasley qu’il fût moins original s’il avait été en meilleure santé. Mais l’homme a choisi d’assumer son destin et de partager avec ses contemporains un message de lutte et de souffrance. On en sortira certainement plus sage.

Pays: GB
Autoproduction
Sortie: 2018/08/13