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LURE, Walter & THE WALDOS – Wacka lacka boom bop a loom bam boo

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Ressortez les pantalons rouges à motifs écossais de vos armoires normandes, collez-vous quelques épingles à nourrice sur un tee-shirt des Ramones (mais on ne vous en voudra pas si c’est les Buzzcocks), remettez-une vieille paire de Dr. Martens et plongez-vous la tignasse dans un seau de teinture verte, car c’est reparti comme en 1977 avec cet album de Walter Lure & The Waldos, qui viennent effacer d’un coup de po-go viril quarante ans de musique louche, dansante et honteusement commerciale. Il faut dire que le vénérable Walter Lure sait comment s’y prendre. Il a des droits historiques sur la question punk puisqu’il était en 1976 membre des cultissimes Heartbreakers, le groupe new-yorkais monté par feu Johnny Thunders après son départ des New York Dolls.

Les Heartbreakers… Si les Martiens débarquent en tuant tout le monde, l’un des rares disques à emporter d’urgence avant de disparaître dans les bases sous-marines de l’armée américaine est bien ce monstrueux « L.A.M.F. » des Heartbreakers, sorti en 1977. Le groupe de Johnny Thunders y proférait un punk rock ‘n’ roll teigneux et racé, un modèle du genre. C’était l’époque où certains groupes vivaient le truc à fond, avec la mort au bout du chemin, le tout avec le plus grand panache. Dans les Heartbreakers, il y avait donc Johnny Thunders (guitare et chant), Walter Lure (guitare et chant), Jerry Nolan (batterie, ex-New York Dolls) et Billy Rath (basse), sans parler de Richard Hell, ex-Television, qui y avait fait un passage éclair avant le premier album. Résultat : sur les quatre musicos du premier (et seul) album, trois gambadent aujourd’hui joyeusement dans le Valhalla des punk rockers, ne laissant sur terre que le seul Walter Lure comme ultime représentant de l’âge d’or.

Mais à la soixantaine bien tassée, Walter n’a cure de l’âge de ses artères. La guerre du punk, il l’a faite en vrai et il a conservé le feu sacré authentique. Après l’expérience des Heartbreakers, qui explosent dès 1978, Walter Lure vient pointer dans d’obscurs combos new-yorkais avant de fonder les Waldos à la fin des années 80. En 1995 sort le premier album « Rent party ». C’est le début d’une prodigieuse carrière qui va solder en vingt ans par un nombre stupéfiant d’albums s’élevant à… un. Chez les punks, le travail, c’est un truc qu’il vaut mieux avoir commencé jeune. Toujours est-il que Walter Lure a eu plus de vingt ans devant lui pour réfléchir à un nouvel album. Et avec des Waldos aux effectifs entièrement renouvelés (les premiers mecs de 1995 n’ont pas eu la patience d’attendre 23 ans avant de refaire un album, les coquins!), Walter Lure vient nous servir un album ?Wacka Lacka Boom Bop A Loom Bam Boo? qui semble surgir tout droit d’octobre 1977, novembre tout au plus (parce qu’après, ça change complètement).

Ici, pas de questions à se poser, on prend les guitares et on assène un rock ‘n’ roll punkoïde pur jus, millésimé d’époque, avec de petites pépites comme « Crazy kids » et « London boys » qui réveillent le fantôme des Sex Pistols, un « Damn your soul » qui vient chatouiller les doigts de pied des Ramones, « Where were you (on you wedding day)? » qui convoque un saxophone chahuteur, « She doesn’t love you » et son petit côté glam, un « Little black book » en forme de slow garage à l’harmonica insidieux ou une ultime double gifle « Don’t mess with cupid » / « You talk too much » envoyant un binaire fêtard sur lit de saxophone déluré.

Alerte à tous les groupes contemporains de bubble punk de carnaval : Papa Punk est de retour du placard et il vient vous botter le cul en vous rappelant les règles du punk authentique. Non, pas sur les doigts!

Pays: US
Cleopatra Records
Sortie: 2018/08/17

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