LURK – Fringe
Sorti en 2016 en digital sur le site Bandcamp, l’album « Fringe » du groupe doom/sludge/black metal finlandais Lurk est finalement repéré par le label Transcending Obscurity, qui signe le groupe et sort enfin en format CD ou vinyle ce troisième album. Les deux autres albums de Lurk (« Lurk », 2012 et ?Kaldera?, 2014) étant sortis normalement sous forme physique, on ne comprend pas pourquoi les Finlandais n’avaient pas réussi à éditer leur troisième opus de la même façon. L’industrie du disque européenne serait entrée à ce point en crise que ce sont maintenant des labels indiens qui viendraient au secours des groupes de notre continent? Comme les Qataris rachetant des clubs de foot français? C’est un constat un peu triste mais il faut rester pragmatique : la démarche de Transcending Obscurity nous permet de découvrir un groupe intéressant qui manipule de façon inquiétante les aspects les plus sombres du doom, du sludge et un peu du black metal. J’en frissonne d’avance.
Il semble qu’à part le bassiste E. Nurmi (arrivé en 2012), le reste de l’équipe de ce groupe formé à Tampere en 2008 soit restée la même : K. Nurmi (batterie, ex-Nailgunner), A. Pulkkinen (guitare, ex-Ravening, ex-Torturium, ex-Satanic Warmaster) et K. Koskinen (chant, ex-Ravening, également dans Cultic Jones Crew). Lurk est issu de la scène doom locale finlandaise, dans un triangle Tampere-Lappeenranta-Savonlinna, une région où il fait moins dix degrés cinq mois de l’année et où les gens remarquent qu’il y a de l’herbe au sol environ sept mois sur douze. Un endroit idéal pour fomenter une musique dépressive et désespérée, engluée dans la tourbe des terres froides hantées par les esprits maléfiques.
C’est ce qui ressort superbement de cet album « Fringe » qui nous refile son lot d’émotions épouvantées, avec des moments féroces et lourds comme « Ostrakismos », « Reclaim », « Elan », « Offshoot » ou le terrifiant « Proteus syndrome ». Sous des kilotonnes de riffs sentant la sueur de troll, le groupe élabore des ambiances pesantes, lentes et sombres, avec un chant légèrement black metal qui profère des paroles assez absconses (on a beau lire les textes en anglais, on ne comprend rien du sens). Ce que je sais, c’est que ça ne parle pas de bière, de motos ni de gonzesses, mais pour le reste… Les poèmes de Francis Ponge, à côté, ce sont des sketches de Dany Boon.
Bon, en tous cas, si vous devez enterrer votre grand-mère en plein hiver à la tombée du soir, dans un cimetière menacé par des glissements de terrain, voilà le disque qui mettra de l’ambiance garantie. A découvrir.
Pays: FI
Transcending Obscurity
Sortie: 2018/08/15