MALIN – Tout le monde s’en fout (EP)
Malin est un groupe marseillais dont les œuvres sortent sur le label français Ganache Records. La découverte de ce label sur le site Bandcamp révèle des choses bien intéressantes. Cette maison doit sans doute diffuser exclusivement via son site Bandcamp et a dans son écurie une ribambelle de groupes complètement inconnus, vraisemblablement issus de la scène rock marseillaise (de nombreux groupes pris au hasard sont programmés dans les clubs marseillais). Les presque 400 postages de ce label sont des morceaux individuels et leur illustration est toujours déclinée selon le même motif visuel, toujours un peu différent dans sa forme et sa couleur. On y trouve de tout : rock ‘n’ roll gras (Ultranickel), post-folk (Reliques, Virgile Abela), post-grunge (Binaire), post-punk (Hue!DADA), garage synthétique (Princesse Näpalm), heavy rock (Coukou), psychédélisme lourd (Double Date With Death). Tout ceci est éminemment intéressant et je vous conseille d’aller traîner sur le site Bandcamp de Ganache pour y découvrir de multiples émotions musicales, représentatives d’une façon résolument underground de répandre la musique rock. Et en plus, de très nombreux morceaux sont en téléchargement gratuit, on aurait tort de se priver.
Après avoir présenté le label, intéressons-nous à un de ses poulains. Malin est un trio qui prend la vie du bon côté, entretenant dans son potager quelques plantes punk rock farfelues et volontiers absurdes, sous forme de chansons hilarantes et pétaradantes. Steph Dave Savate (batterie), Ludo Christ Ludoselic (basse) et Fab Kurt Cubain (chant et guitare) ne font pas que se prendre pour des fantômes de Nirvana, ils diffusent régulièrement des albums en changeant de nom. « Bel effort » (2012) était crédité à Pabien Malin. Celui-ci devient Kurt Cubain Malin en 2014 sur l’album « Son of the beach ». Le trio prend définitivement ses surnoms nirvanesques sur « Gurl » (2015), produit par un certain Steve Albinos, c’est complet. Ces trois albums nous servent un lot délicieux de chansons aux textes idiots et drôles, nappés d’un rock qui peut parfois venir chatouiller sérieusement le décibel. On est dans une sorte de croisement entre le légendaire Ramon Pipin (Au Bonheur des Dames, Odeurs) et… Nirvana, puisque ces gens tiennent absolument à être comparés aux chevelus de Seattle. Eux se comparent aussi volontiers à une rencontre entre Roch Voisine et Slayer, c’est pareil.
Le petit EP six titres qui nous intéresse ici est en fait constitué de quelques morceaux anciens des précédents albums, réenregistrés pour l’occasion, avec un ou deux morceaux nouveaux (dont une simili-reprise décadente de « Gigi l’amoroso » de Dalida). C’est une excellente opportunité pour découvrir Malin, un groupe qui porte bien son nom et qui amuse la galerie avec ses mélodies pimpantes et ses textes résolument crétins (« Châteaux de sable », « Tout le monde s’en fout », « Bain de minuit », « Dugstore » et ses textes anti-américains – c’est toujours bon, ça, les textes anti-américains – « Bourrelets de sauvetage », « Gigi »). Nous avons droit à du calembour d’esthète, des chansons à une seule phrase, des éclats de guitares pétillantes et une atmosphère je-m’en-foutiste qui nous rappelle que oui, effectivement, le monde n’est pas à prendre au sérieux.
Rigolons donc un bon coup avec Malin sans se prendre la tête et oublions ces histoires dérisoires de crise économique, menaces de guerre, crise migratoire, diminution des ressources naturelles et autres fadaises politico-religieuses. La vie, c’est la rigolade, le pastis, les tongs, et le rock ‘n’ roll, bien sûr!
Pays: FR
Ganache Records
Sortie: 2018/03/30