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TECUMSEH – For the night

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L’expérimentation drone/ambient recule sans cesse les frontières de la logique ou du possible. Avec Tecumseh, on aborde une frange quasi-extrémiste du genre, avec une « musique » (ou plutôt un aménagement du son) qui rivalise avec celle de Sunn O))), groupe inégalé en la matière. Voilà, vous êtes prévenus, vous avez encore le temps d’évacuer la zone avant d’être ensevelis sous des coulées de sonorités massives et ondulatoires qui vont surtout intéresser les amateurs d’étrangetés sonores et ceux qui considèrent que leur réfrigérateur est le meilleur groupe drone du monde. Et surtout, ne vous retournez pas car, à l’instar de la femme de Loth fuyant la destruction de Sodome et Gomorrhe, vous pourriez être transformés en statue de sel si vous vous laissez capter par Tecumseh.

Formé en 2004 à Portland (Oregon) par John Krausbauer (basse), Ian Hawk (basse), Jeremy Long (électronique) et Bob Bellerue (électronique), Tecumseh renonce bien vite à envisager une carrière dans le funk ou la pop music pour majorettes décérébrées. Son credo, il le trouve dans la circonvolution vibratoire de décibels pachydermiques, émis à partir d’un amoncellement d’amplis Marshall reliés à des pédales d’effets fabriquées dans les forges de Vulcain. Le combo sort deux albums en 2007 (« Crossing divides ») et 2008 (« Avalanche and inundation »), puis un EP en 2011 (« Return to everything »). Et puis, c’est à peu près tout, étant donné que les membres de Tecumseh ont aussi de nombreuses occupations dans d’autres projets. John Krausbauer est impliqué dans City Of Churches (un album « Memelust » en 2008), Aures (un album « One » en 2010) et Trees (un groupe de drone metal responsable de trois albums entre 2008 et 2012), sans parler de deux albums solo (en 2010 et 2015). Bob Bellerue mène aussi une solide carrière solo (six albums entre 2002 et 2016) et participe aux groupes Dead Wolf Black, Feed The Dragon, Kilt, Noise Consequences, Redwound ou Terrier. Jeremy long a été vu sur les quatre albums de Brown entre 2007 et 2010.

En 2014, Tecumseh avait en tête la réalisation d’un EP. Les choses ne se sont pas faites et le groupe a attendu quelques années pour donner plus de substance à ce disque en composant des morceaux supplémentaires. Le résultat est ce « For the night », qui sort sur Consouling Sounds cette année. A l’écoute de ce plantureux ensemble représentant près d’une heure et six minutes réparties sur cinq morceaux, on sent effectivement une différence entre les morceaux ouvrant et terminant l’album (les imposants et déroutants « Darkness swallowing the air » et « Great lakes » qui titrent respectivement sept minutes et vingt-six minutes) et les morceaux au milieu, qui sont plus rugueux et plus influencés par Sunn O))) (en particulier « Desert and failure »). Les moments épiques, si on peut employer cet adjectif, sont les morceaux les plus longs, « Ballad of conquest » et ses quinze minutes d’atonalité électrifiée et surtout le final « Great lakes » qui fait carrément entrer l’espace intersidéral dans votre salon, après une introduction pianotée. Tout n’est qu’onde et vibration diaphane ici, pour le plus grand plaisir des cosmonautes de l’infini musical.

Tout ceci est très impressionnant mais, on l’aura compris, est également restreint aux seuls amateurs de drone particulièrement carabiné.

Pays: US
Consouling Sounds
Sortie: 2018/06/22

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