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GAEREA – Unsettling Whispers

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A nos amis Portugais qui se plaignent que leur équipe nationale a été virée de la coupe du monde de football, je conseillerais de ne pas trop s’inquiéter. Si votre pays n’est plus bon pour le football, oubliez donc cette hypnose collective qui mesure la grandeur d’une nation à avoir onze abrutis courant derrière un ballon sur un terrain en fausse pelouse et intéressez-vous à d’autres points forts du Portugal, comme sa scène black metal naissante, par exemple. Quoi? Du black metal au Portugal? On n’y fait pas donc que chanter le fado sur les rives du Tage, puisqu’il y aurait apparemment une scène black metal au Pays de Ronaldo. Et comment! Près de 220 groupes répertoriés sur le site Encyclopedia Metallum, rien que pour le black metal pur jus, sans compter le black/doom, black/death et autres croisements. En tout, et à des degrés divers, près de 300 combos sont prêts à mettre le feu et semer la désolation morbide de Porto à Lisbonne.

Parmi ces groupes, Gaerea, trio formé en 2016 par des gens revendiquant une certaine expérience. Le guitariste Guilherme Henriques, alias Haborym BM, a opéré chez Beastanger et joue également dans Damage My God et Sacrilegious Sword. Le batteur Nuno a participé à un EP du groupe death Loss Spectra Of Pure en 2009 et le bassiste Jorge Marinho a fait ses armes dans une pléthore de petites formations éphémères (Alcibion, Damnation League, ForceFi3ld, Melodrama, Imperial Guardians, Pentagram, Predator, Templários do Rock) avant de passer par chez Shadowgrave comme batteur en 2012-2014 et jouer maintenant dans Pestifer (un groupe death de Porto) et Raça Cadáver. Mais il semble que Gaerea soit le projet principal de ces Messieurs, qui devraient d’ailleurs se concentrer dessus, vu le potentiel très intéressant du groupe.

Gaerea sort un premier EP éponyme en 2016, révélant cinq titres d’un black metal soigneusement intriqué dans des ambiances postcore et sludge metal. On peut qualifier tout ceci de post-black metal, un mouvement qui redonne de la vie et de l’inspiration à ce vieux black metal, un peu fatigué après des années de Cradle Of Filth, Immortal et autres diableries nordiques. Le style encore un peu rustique de Gaerea sur cet EP trouve maintenant davantage de raffinements avec « Unsettling whispers », premier album long format proposant huit titres s’étalant entre cinq et huit minutes de durée.

La longue introduction « Svn » sème le questionnement chez l’auditeur. Que nous préparent ces musiciens, qui sont pour l’instant en train de monter une architecture sonore où des plaintes rugueuses montent sourdement du fin fond des ténèbres? Ils mettent simplement en place les prémisses d’une charge où s’entrechoquent un black metal intelligemment contenu par des rythmiques ralenties aux bons moments et des éléments de post-hardcore et sludge qui enfoncent les compositions dans des profondeurs marécageuses. Nous vivons ces expériences douloureuses qui évoquent principalement le mal-être psychique, la paralysie mentale et autres frustrations au travers de titres puissants, dont « Whispers » et ses plus de huit minutes constitue le point d’orgue.

Gaerea se pose donc en challenger prometteur des nouveaux temps du black metal, dans un pays qui s’ouvre peu à peu au genre. Pourraient-ils devenir une sorte de Gojira portugais? L’avenir le dira peut-être.

Pays: PT
Transcending Obscurity Records
Sortie: 2018/06/22

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