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YOB – Our raw heart

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Yob, en matière de doom metal, est une sommité à caractère quasiment mythique. Formé dans l’Oregon en 1996, Yob est la créature de Michael Scheidt, un guitariste passé du hardcore au doom metal. Yob se forge une réputation d’invincibilité doom avec ses albums « Elaboration of carbone » (2002), « Catharsis » (2003) et l’immense « The illusion of motion » (2004), monstruosité lente et grasse sortie de la glaise des cimetières indiens. En matière de sludge metal dépressif, on a rarement mieux fait que ce « The illusion of motion », qui sera suivi en 2005 par « The unreal never lived », dernier album du groupe avant une séparation annoncée en 2006 par Michael Scheidt.

Mais cette mort ne dure pas bien longtemps puisqu’une résurrection de Yob intervient en 2008, avec à la clé les albums « The great cessation » (2009), « Atma » (2011), « Clearing the path to ascend » (2014) et ce nouveau « Our raw heart » qui termine de démontrer la bonne santé créatrice du groupe de Michael Scheidt. Désormais flanqué de Travis Foster à la batterie (depuis 2003) et d’Aaron Rieseberg (basse, au service de la cause yobienne depuis 2009), Michael Scheidt semble bien parti pour aligner des albums régulièrement et sans bavures. Et ce n’est pas une opération chirurgicale qui l’a sauvé de justesse l’année dernière qui viendra ralentir cet élan.

Au contraire, Michael Scheidt a réussi à rebondir et revient en force avec ce nouvel album qui impressionne et qui est composé de sept titres aux durées phénoménales, une caractéristique chez Yob; Il n’est donc pas étonnant d’avoir ici affaire à deux titres de plus de quinze minutes et trois autres avoisinant les dix minutes. La plaisanterie de corps de garde ou la blague de potache n’est pas le genre de la maison chez Yob, qui préfère inonder son auditoire sous des kilotonnes de riffs lents et névrotiques tout en proférant des textes propres à rendre dépressif n’importe quelle majorette écervelée des banlieues californiennes. Il faut dire que Yob n’est pas tellement porté sur la Californie, étant originaires des climats pluvieux et mornes de l’Oregon.

Le doom metal rugueux et hanté reprend donc du service chez Yob, qui nous envoie à nouveau sur les terres malsaines et vrombissantes du sludge metal, alternant chant pointu et borborygmes ursidés, un remède souverain contre les rhumatismes. Dans le genre, des titres formidablement effrayants comme « The screen », « Reverie » ou « Original face » envoient de hurlements non remboursés par la sécurité sociale et une machinerie rythmique capable de broyer du croiseur lourd comme on mâche du chewing-gum. Mais les pièces de résistance restent sans conteste les 16 minutes de « Beauty in falling leaves » (la tristesse de Verlaine en format doom metal) et les 14 minutes de « Our raw heart » qui termine le disque sur un rythme lent et une instrumentation puissante, d’une ampleur babylonienne.

Encore une fois, Yob marque des points avec cet album tout en classe et en ardeur triste. Le groupe est annoncé au prochain DesertFest d’Anvers en octobre prochain et le déplacement s’avérera obligatoire pour tout amateur de doom metal.

Pays: US
Relapse Records
Sortie: 2018/06/08

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