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DEATH WHEELERS – I tread on your grave

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Un genre qui a bien disparu dans le cinéma de série B, c’est le film de bikers. Certes, ce style a eu son apothéose avec le fameux « Easy riser » (1969), qui est à peu près le seul film de bikers que le cinéphile normalement constitué connaît. Mais ce film n’est que la petite partie visible d’un gigantesque iceberg d’où ont émergé des dizaines de films de ce genre, mettant en scène des bandes de hell’s angels aux prises avec des flics locaux dans des villages perdus de Californie, le tout dans l’odeur du cambouis et de la bière rance. C’était toujours à peu près la même histoire : rivalités entre gangs pour des questions de louloutes ou de trafic de came, lutte pour devenir le chef du groupe, razzia sur les localités de ploucs pour assaillir le bar du coin et vider toutes les bières, etc. Le genre a fait florès à la fin des années 60 et au début des années 70, avec notamment quelques films croustillants comme « The wild angels » (1966, avec Peter Fonda), « Hell’s angels on wheels » (1967, avec Jack Nicholson), « Devil’s angels » (1967, avec John Cassavetes), « Angels from hell » (1968), « Satan’s sadists » (1969), « Angel unchained » (1970) et même une version horrifique avec l’improbable « Werewolves on wheels » (1971).

Je vous parle de tout ça parce qu’on va aborder ici un groupe qui réunit complètement cet esprit rebelle et violent des années 70, avec bien sûr une vénération sans bornes pour les bécanes bien rutilantes, bruyantes et polluantes. Il porte le nom de Death Wheelers, qui est aussi comme par hasard celui d’un film de bikers datant de 1973. Ce quatuor québécois a plus d’un tour dans son sac puisque ses membres jouent aussi dans d’autres combos dédiés à des aspects bien particuliers de la sous-culture cinématographique, toujours soulignés par un bon gros stoner bien épais. Max « The axe » Tremblay (basse) et Sy « Wild Rye » Tremblay (guitare) jouent dans Sons Of Geezora, un projet parallèle qui rend hommage aux films de monstres japonais du genre Godzilla ou Mothra. On retrouve les frères Tremblay ainsi que les deux autres Richard « The bastard » Turcotte (batterie) et Hugo « Read beard » Bertacchi (guitare) dans Strange Broue, un groupe qui, lui, donne dans l’évocation des films d’horreur des Sixties et Seventies.

Et donc, The Death Wheelers, c’est pour le souvenir des films de bikers et de tout le décorum viril et hydrocarburé qui les entoure. Le groupe joue un stoner puissant et instrumental, sans fioritures et tourné vers l’efficacité maximale. « I tread on your grave » est le deuxième album de ce combo de graisseux, après un « Mind blowing trip! » datant de 2015. Les titres parlent d’eux-mêmes : « 13 discycles », « Roadkill 69 », « Moto vampiro », « Sleazy rider returns », avec en prime une reprise du « Moby Dick » de Led Zeppelin. C’est du gros, du chevelu, du rêche, ça fait trembler les murs tout en donnant envie d’enfourcher une grosse Harley bien fumante et de foncer à toute berzingue sur les routes, à la recherche d’un bar, d’un couvent ou d’un commissariat de police à désintégrer.

Donc, pour résumer, le bonheur selon The Death Wheelers, c’est le pack de six bières (de La Fin du Monde, puisque les types sont du Québec), la chaîne hi-fi ouverte en grand, des cervicales à toute épreuve et c’est parti pour le grand trip au pays du bitume chaud.

Pays: CA
RidinEasy Records
Sortie: 2018/05/11

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