CALIBAN – Elements
En 2017, le groupe allemand Caliban a fêté ses vingt ans d’existence. Les Westphaliens ont marqué le coup avec la sortie d’un coffret mémoriel justement intitulé « Memoirs (2009-2017) », incluant les cinq derniers albums en date, « Say hello to tragedy » (2009), l’EP « Coverfield » (2010), « I am Nemesis« (2012), « Ghost empire« (2014) et « Gravity« (2016). Et pour continuer à souffler les bougies, Caliban sort cette année son nouvel album « Elements ».
On prend donc les mêmes et on recommence, avec Marc Görtz (guitare), Andreas Dörner (chant), Denis Schmidt (guitare), Patrick Grün (batterie) et Marco Schaller (basse). Par contre, là où on change un peu, c’est dans l’orientation musicale du groupe qui maintient certes son style de prédilection, le metalcore, mais qui varie un peu le programme, comme il le fait en fait sur chacun de ses albums.
Ainsi, si les dernières parutions de Caliban affichaient un metalcore assez puissant et agressif, le cru 2018 opte résolument pour un metalcore aux refrains très mélodiques, complètement en accord avec les règles classiques du genre. Ceux qui connaissent mon aversion relative pour le metalcore quand il est trop mélodique vont donc conclure que cette année pour Caliban, la plume du critique va plutôt être trempée dans le vinaigre que dans le miel.
A l’écoute d’« Elements », en effet, on peut se demander comment un groupe qui affiche plus de vingt années de pratique peut se ranger à l’idée de commettre un disque archi-conventionnel en matière de metalcore, suivant ainsi la tendance des petits groupes de jeunes qui se lancent, se faisant suiveur plutôt qu’éclaireur et donnant par conséquent un exemple désastreux à la nouvelle génération. « Bah, si des vétérans comme Caliban choisissent de ne pas innover et se contentent de rester dans le peloton des groupes metalcore lambda, c’est que ça doit être la voie à suivre », vont se dire les nouveaux venus dans le cirque metalcore. Et ce sera parti pour de nouvelles longues années à toujours entendre les même choses, à toujours être ramené sur un gros son de guitares pseudo-méchantes, cassé par des refrains aux mélodies pour petits angelots castrés et toujours tourner en rond dans un style qui n’a rien de nouveau à proposer.
On aura donc droit ici dans cet album à tout le tremblement qui vient d’être décrit plus haut. Caliban se livre à un cabotinage metalcore qui recycle toutes les grosses ficelles habituelles et vient affaiblir systématiquement ses compositions avec ces refrains insupportables, tout fluets et copiés-collés sur des milliers d’autres déjà entendus. Et le truc se répète sur tous les morceaux de l’album, si bien qu’on ne sait plus si on écoute du Caliban (vingt ans de métier, je le répète) ou n’importe quel groupe du genre, complètement standardisé. Tout ceci est bien dommage car du côté guitare, ça semblait être prometteur, avec des éboulis de gros riffs hargneux made in Germany avec toute la douceur et la tendresse que nous connaissons de la part de nos amis métallurgistes d’outre-Rhin.
C’est donc pour ce qui me concerne un petit cru que ce nouvel album de Caliban mais on ne va pas leur jeter la pierre car il est naturel pour un groupe au long cours de connaître une petite baisse de régime au cours d’une carrière. Même Black Sabbath et Metallica ont connu leurs petits trous d’air. Mais il ne faudrait pas que ça devienne une habitude…
Pays: DE
Century Media
Sortie: 2018/04/06