COURETTES (The) – We are The Courettes

Le nom est idiot mais le groupe est formidable. The Courettes sont un duo garage punk qui n’est pas sorti de 1966 et qui pourrait bien être la sensation électrique du moment. Composé d’une guitariste chanteuse brésilienne (Flavia Couri) et d’un batteur danois (Martin Couri), ce groupe est également un couple qui est passé tout ce qu’il y a de plus légalement chez Monsieur le Bourgmestre, ou Monsieur le Maire, ça dépend comment on appelle le chef des édiles au Danemark. Car le Danemark est la base arrière d’où opèrent les Courettes, à Aalborg, plus précisément. C’est plus pratique que le Brésil puisque le grand avantage est que le groupe peut venir plus facilement jouer sous nos latitudes, ce qui sera le cas le 25 mai prochain au KulturA de Liège.

L’actualité des Courettes est donc plutôt bien fournie en ce moment, avec l’arrivée du deuxième album « We are The Courettes », qui fait suite à « Here are The Courettes », sorti en 2015. Ce combo explosif n’a pas tardé à s’entourer de rumeurs flatteuses grâce à la conception d’un rock ‘n’ roll garage à mort qui nous renvoie directement dans les zones temporelles reculées du genre, dans les années 1964-66, où les combos américains recyclaient le rockabilly mourant pour lui donner un clinquant proto-punk qui allait véritablement éclore une dizaine d’années plus tard, avec la vague punk que tout le monde connaît bien.

Mais vers 1966, ce rock était déjà bien électrique et hargneux, quoiqu’underground et passé sous silence par la suprématie des groupes anglais, Beatles et Rolling Stones en tête, puis fauché dans l’œuf par l’émergence du rock psychédélique, dont il est pourtant l’un des contributeurs directs. Des groupes mythiques comme les Sonics, les Seeds, les Remains, Music Machine, Mouse & The Traps, Kenny & The Kasuals, les encore plus obscurs Alarm Clocks, We The People, The Chancellors, The Benders, The Swamp Rats, The Jujus, Sir Winston & The Commons ou les magnifiques Unrelated Segments témoignent de ce riche passé. Il existe en fait des centaines de ces groupes, ignorés à l’époque et finalement redécouverts depuis une vingtaine d’années. Les compilations « Back from the grave », « Pebbles », « Garage Beat 66 », « Quagmire » ou « Teenage shutdown », entre autres, permettent de se faire des cures de garage punk sixties à n’en plus finir.

The Courettes font partie de ces groupes qui restaurent le magnifique esprit proto-punk des Sixties et qui emboîtent le pas à de prestigieux revivalistes des années 80 et 90 comme les Fuzztones, les Chesterfield Kings, les Dukes Of Stratosfear ou les Strollers. Dans cette optique, ils ne sont pas très originaux mais en matière de binaire, ce qui distingue l’homme de la bête, c’est l’énergie et pas vraiment l’imagination. Et dans le domaine énergétique, les Courettes ne craignent personne. La petite Flavia Couri envoie des salves de riffs fuzz gigantesques, lézardant l’atmosphère d’éclairs foudroyants (« Hoodoo hop », « Voodoo doll »). Sa voix de chatte effarouchée vient nous bercer les tympans à coups de talons aiguilles, tandis que son compagnon batteur écrase ses fûts comme une brute. Le traitement de choc se poursuit avec des comptines épileptiques du genre « The way you walk », l’hyperactif « The teens are square » (qui ferait passer les Hives pour un groupe folklorique tyrolien) ou l’imputrescible « Boom! Dynamite! », dont le nom résume à lui seul le contenu.

On s’en prend donc plein les mirettes avec ces savoureux Courettes qui nous donnent envie de saisir une Vox Phantom, de revêtir un costume avec veste à quatre boutons, de nous faire une coupe au bol et de chausser des boots hyper-pointues pour partir à la chasse aux hippies et autres dégénérés folkeux afin de leur mettre quelques coups de pompes dans le train. Dernier détail fabuleux : l’album est produit par le légendaire Kim Kix, leader de l’autre grand groupe garage punk danois, PowerSolo. Je possède un autographe de Kim Kix, gardé en permanence dans ma discothèque par deux teckels nains enragés aux crocs imprégnés de curare. N’essayez même pas de tenter de me le piquer.

Pays: DK
Sounds Of Subterrania
Sortie: 2018/03/30