LITTLE BOB STORY – High times 76-88
Voilà une compilation qui va faire chaud aux oreilles et au cœur pour tous ceux qui savent que le rock français était définitivement autre chose que les âneries populeuses de Johnny Hallyday. Car s’il y a en a un qui a tout compris à l’authentique rock ‘n’ roll dans l’Hexagone, c’est bien Little Bob. Ce petit Rital arrivé au Havre par les hasards de l’immigration a réalisé un double miracle dans les années 70 : balayer la variété chiante et pompidolienne avec l’importation d’un rock chaud retrouvant l’âme des pionniers et posant les bases du punk, et également faire comprendre qu’il n’y a pas qu’à Paris que ça bardait à l’époque. Little Bob Story, première émanation de la carrière de Little Bob entre 1976 et 1988, a en quelque sorte émancipé les villes françaises, dont certaines ont eu des groupes rock emblématiques : Le Havre, bien sûr, mais aussi Rouen (les Dogs, les Olivensteins), Bordeaux (Strychnine), Montpellier (les Sheriff), Lyon (Ganafoul, Factory), Angers (les Thugs), Rennes (Marquis De Sade, Marc Seberg, Niagara), Limoges (Attentat Sonore), Lille (Stocks, Willcox, Electronaze) ou Strasbourg (Kat Onoma, Blue Murder).
Bref, Little Bob Story, c’est fondamental et la compilation qui sort ces jours-ci chez Verycords permet de se rendre compte de l’ampleur du phénomène. On ne saurait trop conseiller de mettre aussi la main sur la compilation « Wild and deep« , sortie en 2011 et qui couvre la carrière de Little Bob après Little Bob Story (1989-2009). Avec ces deux objets, on est paré pour tout savoir de la longue carrière de Little Bob, dont la phase Story est la plus excitante. Dans les années 70, le groupe de Little Bob n’a qu’à prendre le ferry pour aller mettre la pagaille en pleine Angleterre punk, ce qui occasionne des concerts en première partie de The Jam, une tournée avec Doctor Feelgood, le respect des Clash et des Sex Pistols et l’amitié de Lemmy.
« High time 76-88 » regroupe en 34 titres la fine fleur de l’œuvre bobienne. Il y a de quoi se régaler avec 19 morceaux studios tirés des sept albums officiels « High time » (1976), « Living in the fast lane » (1977), « Come see me » (1978), « Light of my town » (1980), « Vacant heart » (1982), « Too young to love me » (1984) et « Ringolevio » (1987). On a aussi treize titres enregistrés en concert entre 1979 et 1988, dont la plupart figurent aussi sur les albums studio : « Lucille », « So crazy », « Moving slowly in the dark », « Dancing in the street », « Bring it on home to me », « Riot in Toulouse »… Certains de ces morceaux sont tout simplement démentiels (« High time », « Little big boss », la reprise incendiaire de « Lucille ») et mettent en valeur une section rythmique particulièrement efficace, ronde et rigoureuse, explosive à tous moments. Mais ce n’est pas fini : une démo et un inédit complètent la collection, ainsi qu’un DVD bonus qui n’est rien moins qu’un documentaire entier, appelé « Rockin’ class hero ». Là, les témoignages et hommages se succèdent, en provenance d’Eric Burdon (The Animals), Glen Matlock (Sex Pistols), Manu Chao, Serge Teyssot-Gay (Noir Désir) ou Wilko Kohnson (Dr Feelgood).
Bref, tout ceci est formidable et regorge d’énergie pure. Si on en vient parfois à oublier ce qu’est le vrai rock ‘n’ roll, une petite dose de Little Bob Story entre les esgourdes, est c’est reparti comme en 77!
Pays: FR
Verycords
Sortie: 2018/03/23