SOVIET SUPREM – Marx attack
A tous les nostalgiques des parades militaires géantes sur la Place Rouge, à ceux qui ont toujours cru que Leonid Brejnev était le plus grand génie politique du 20e siècle, à ceux qui sont restés marteaux pour la faucille et à ceux qui veillent jalousement sur leur collection complète de la Pravda, voici un groupe qui va réveiller le vieux souvenir de l’Union Soviétique, du bolchevisme triomphant et des balades en mer sur le cuirassé Potemkine. Non, le communisme ne s’est pas effondré un jour d’août 1991, quand l’URSS a plié les gaules pour devenir la Russie et se ranger du côté du capitalisme. Il y en a encore qui croient que l’âme de Karl Marx reviendra sur terre pour imposer la paix éternelle aux prolétaires de tous les pays. A moins que tout cela ne soit qu’une aimable plaisanterie…
C’est bien ce qu’il faut penser lorsqu’on découvre Soviet Suprem, un duo français qui a résolument choisi de se marrer un bon coup avec l’imagerie communiste et soviétique d’un pays qui a fait trembler le monde au cours de la guerre froide, à une époque que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître. On commence la bonne blague rien qu’avec le nom des protagonistes : John Lénine et Sylvester Staline aiment se promener habillés en uniforme de maréchal de l’Union Soviétique, avec des photos de Joukov dans la poche et un char T-34 garé en bas de l’immeuble.
Puis vient la musique, qui se veut essentiellement ska et dance, avec une série de titres donnant dans la joyeuse bouffonnerie : « Diktator de dancefloor », « Post soviet », « Vladimir », « 1917 », « Valse soviet », « Peaux rouges », « T’as le look coco », « Tsar war » ou « Russian kiss ». Inondant l’auditeur d’une avalanche de jeux de mots passés en mode slam, John Lénine et Sylvester Staline sont en quelque sorte les Grand Corps Malade de la dictature du prolétariat. Leur paroles facétieuses taillent en fait des croupières au monde sclérosé et bureaucratique du monde soviétique. Nul doute que dans les années 70, ces types auraient fini vite fait bien fait au goulag s’ils avaient eu la chance de vivre sur le territoire de la très sainte Russie. Aujourd’hui, dans notre petit confort capitaliste bourgeois, on peut apprécier les textes hilarants de Soviet Suprem, énoncés avec rapidité, style et précision, sans risquer de se retrouver embarqué par le KGB lors d’un petit matin froid.
A une époque où on n’a quasiment plus le droit de rire de rien, la dérision reste encore possible pour des sujets et des souvenirs d’un autre temps. Se moquer des anciens soviétiques et autres cocos ringardisés permettra d’oublier qu’on n’a plus le droit de faire les malins avec les femmes, les étrangers, les religions, les roux ou les philatélistes, même si tout cela n’est que fantasmé et que c’est effectivement pour rire.
Amusons-nous donc avec Soviet Suprem et son humour burlesque, le doux son de ses balalaïkas et ses sautillements électroniques, invitant au twist again à Moscou, à des coups bas à Bakou ou à faire des occases dans le Caucase. Et n’oublions pas une chose : rigolos de tous les pays, unissez-vous!
Pays: FR
Chapter Two / Wagram Music
Sortie: 2018/03/16