DEATH ALLEY – Superbia
L’avantage d’un groupe dont les membres viennent d’horizons musicaux différents est qu’il a plus de possibilités de créer la surprise par rapport à un groupe où tous les membres sont alignés sur la même idée unique. Cette leçon n’est pas nouvelle mais on en fait à nouveau l’expérience en découvrant Death Alley, un excellent groupe stoner néerlandais qui a plus d’une corde à son arc.
Formé en 2013 à Amsterdam autour de Douwe Truijens (chant), Oeds Beydals (guitare), Ming Boyer (batterie) et Dennis Duijnhouwer (basse), Death Alley (qui tire son nom d’un album de Zeke, sorti en 2001) réalise un premier album « Black Magic Boogieland » en mai 2015 sur Tee Pee Records; Et qui dit Tee Pee Records dit stoner rock bien juteux et stratosphérique. Death Alley ne cache pas en effet des influences space rock ou progressives (Hawkwind et King Crimson figurent parmi les groupes influents) qu’il a su assimiler avec des premières amours hardcore. Preuve des tendances hawkwindiennes du groupe : la sortie en 2016 d’une reprise de « Motörhead » (titre au départ composé par Lemmy pour Hawkwind) sur un single autoproduit.
Le premier album confiait à l’auditeur un rock stoner encore assez traditionnel, avec des morceaux courts faisant penser aux désormais classiques Atomic Bitchwax, Generous Maria ou Siena Root. Il y avait cependant l’énorme « Supernatural predator » qui terminait le disque avec douze minutes de space rock impressionnant. Les graines de l’évolution germaient donc dans cet album.
Sans doute par l’effet combiné d’un changement de personnel (Dennis Duijnhouwer laisse sa place à Sander Bus, ex-Devil’s Blood ; Uno Bruinusson, ex-In Solitude et Procession, prend le siège de Ming Boyer) et d’une signature chez Century Media, Death Alley passe alors à la vitesse supérieure avec ce nouveau « Superbia », qui porte plutôt bien son nom. Avec une production signée Peter Kloos (Devil’s Blood, Motorpsycho), Death Alley s’aventure facilement dans des morceaux plus longs, dont le formidable « Daemon » qui ouvre le disque sur neuf minutes de stoner progressif costaud et efficace. On reste aussi en arrêt devant les sept minutes de « Feeding the lions » et la durée équivalente de « Headlights in the dark », où la basse experte de Sander Bus fait des merveilles. Des sonorités cristallines embellissent « Shake the coil », où le contrepoint avec les rythmiques rapides fabrique un effet dramatique remarquable. C’est le moment idéal pour placer un petit titre rapide et hargneux, ce qui ne manque pas d’arriver avec « Murder your dreams », autre morceau efficace de cette sélection.
La tension ne faiblit pas avec « Pilgrim », de facture plus progressive et surtout antichambre du final « The sewage », l’autre morceau long de l’album qui ferme la marche comme « Daemon » l’avait ouverte, c’est-à-dire dans une atmosphère épique et puissante. Les passages instrumentaux permettent un découpage de ce morceau en différents chapitres mélodiques, pour un effet de variété qui tient bien en haleine, entre stoner musclé et space rock épais, avec un solo de guitare terminal qui met tout le monde à genoux.
Death Alley crée donc une belle surprise avec ce deuxième album altier et fier. Le groupe a prévu une tournée printanière aux Pays-Bas mais il serait souhaitable qu’il vînt traîner ses bottes sous nos latitudes. Un passage au prochain festival Desertfest en octobre prochain à Anvers, par exemple, serait apte à satisfaire les envies du stoneux de base.
Pays: NL
Century Media
Sortie: 2018/03/23