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EXTREMITIES – Gaia

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On a appris récemment la triste nouvelle de la dissolution du groupe Textures, un des formations les plus intéressantes de la scène métal progressive néerlandaise, active depuis le début du 21e siècle. Voilà, ça arrive, encore un groupe qui raccroche (provisoirement?) les gants au vestiaire… Mais une succession pourrait se faire jour avec l’émergence d’Extremities, un groupe d’Eindhoven formé en 2015 et qui vient de sortir un album prometteur dans la veine groove metal/métal progressive de l’autre pays du fromage.

Bart Merkus (basse), Pim Goverde (batterie), David Luiten (guitare), Maarten Stoelhorst (guitare) et Thimo Franssen (chant) sont relativement nouveaux dans le business rock, sauf pour Thimo Franssen qui avait déjà vocalisé entre 2009 et 2015chez Shadowrise, un combo power metal symphonique également actif à Eindhoven. Et ici, avec Extremities et son premier album, il faut admettre que l’équipe réalise un petit coup de maître. Ou plutôt de maîtrise, tant on sent bien les influences sur ce « Gaia », mais avec le talent nécessaire qui permet à Extremities de mettre son empreinte personnelle sur cette sélection de huit titres qui nous emmènent durant plus d’une heure dans des aventures métal progressives tout à fait savoureuses.

Au fil de l’écoute, les influences viennent à l’esprit. Il y a de tout. Textures, bien sûr, mais aussi Gojira, Soundgarden, Machine Head, Porcupine Tree pour les longues digressions instrumentales et même Meshuggah, pour le petit côté djent. Extremities capte son auditoire d’entrée de jeu avec deux titres efficaces (« Colossus » et « Circular motions »), prélude à un impressionnant « Hydrosphere » de plus de huit minutes qui combine fragilité et puissance. Sur la suite, on se réveille à coups de pompe dans le train avec les secousses fear factoriennes de « War », le titre le plu court de l’album, qui affiche quand même près de cinq minutes. Même séquence de frisson métallique avec « Reanimate », armé d’un mid tempo haché de riffs brutaux et d’un chant hargneux.

A ce tarif-là, on regarde déjà avec envie le dernier morceau, qui est annoncé à près de 18 minutes sur la pochette de l’album. Ce moment final arrive après l’écoute de « Through the dreamscape », encore un joli titre plus introspectif, traversé par un solo de saxophone et capable d’un montée vers un paroxysme musical digne de Soundgarden. Et nous voilà au bouquet final, avec un « The inward eye » déroulé en trois parties, captivant dès le départ avec ses sonorités proches de King Crimson, ou plutôt d’Anekdoten, groupe suédois également influencé par le Roi Cramoisi. Ampleur et majesté servent d’introduction au morceau, qui va varier au fil du temps, passant alternativement d’une brutalité rageuse à des épisodes plus angéliques, toujours portés par une instrumentation rigoureuse et une production impeccable. « The inward eye » est en quelque sorte un condensé de tout ce qu’on vient d’entendre dans l’album. Thimo Franssen y fait preuve d’une schizophrénie rutilante, passant des grognements menaçants à un chant clair d’éphèbe chevaleresque. La section rythmique vole à travers l’ensemble avec aisance, relâchant de temps à autre la pression pour laisser s’infiltrer des solos de saxophone ou des passages de guitares féériques. Ici aussi, ce final suit une progression qui monte, qui monte vers toujours plus d’émotion et de puissance. C’est classique dans le genre, mais quand c’est si bien joué, on replonge complaisamment dans les grosses ficelles qui soulèvent l’âme et font vibrer les sens.

Eindhoven n’est pas si loin, il faudra surveiller le calendrier de tournée de ces damoiseaux d’Extremities qui pourraient bien créer l’événement sur scène avec l’interprétation d’un album de si haute volée.

Pays: NL
Painted Bass Records
Sortie: 2018/01/19

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