MYHR, Kim – You/Me
Nous sommes toujours au milieu de la Norvège, un pays qui ne regorge pas seulement de groupes de black metal païen mais qui est également riche en groupes expérimentaux. Cette scène underground se découvre peu à peu grâce au label Hubro Music qui déniche au fond des fjords tel ou tel sorcier sonique débordant d’imagination et se souciant comme d’une guigne de possibles succès commerciaux par le biais facile d’une musique beaucoup plus accessible.
Ici, nous découvrons Kim Myhr, un guitariste de 36 ans qui est habituellement classé dans le folk. Mais la palette du bon Kim va bien au-delà du folk, comme nous le démontre son dernier album « You/Me ». Ce disque est le dernier d’une longue série, débutée en 2005 non seulement en solo mais surtout en collaboration avec de nombreux ensembles ou projets. On le retrouve ainsi opérant avec le Trondheim Jazz Orchestra (les albums « Stems and cages » en 2010 et « In the end his voice will be the sound of paper » en 2016), avec le projet Mural qui inclut Ingar Zach et Jim Denley (les albums « Nectars of emergence » en 2010 et « Live at the Rothko Chapel » en 2011), avec Silencers (« Balance des blancs », 2011), avec Muringa (« The unknown knowns », 2012), avec Philippe Lauzier, Pierre-Yves Martel et Martin Trétrault (« Disparition de l’usine éphémère », 2008), avec Spin Ensemble (« Spin Ensemble », 2005) ou avec Burkhard Beins, Kari Rønnekleiv et Nils Ostendorf (les albums « Live at the Ringve Museum Trondheim » en 2011 et « All your limbs singing » en 2014).
En solo, Kim Myhr est responsable des albums « Bloom » (2016) et ce nouveau « You/Me » qui va s’avérer particulièrement difficile d’accès. Avec Tony Buck (batterie et percussions), Ingar Zach (percussions, cymbales et électronique), et Hans Hulbækmo (percussions manuelles), Kim Myhr compose deux titres simplement intitulés « A » et « B », durant respectivement 18 et 20 minutes. Le cadre expérimental est déjà posé et les auditeurs qui veulent aller plus loin savent déjà qu’ils vont devoir élargir leur esprit au maximum pour appréhender ces 38 minutes de constructions sonores basées sur la guitare mais dans ce qu’elle a de plus avant-gardiste. Ici, Kim Myrh tisse un rideau diaphane de sons légers, aériens, avec des variations de rythmes. Si « A » se veut très mono-tonal, « B » est un peu plus frais avec ce rythme soutenu qui laisse échapper des guitares cristallines montant sans cesse vers un apogée qui ne semble jamais atteint. Le morceau se termine sur une note soutenue en réverbération, auréolée de bruits de clochettes.
C’est en quelque sorte un folk ambient qui est fabriqué devant nous, dans le calme et la sérénité. Kim Myrh se révèle être un concepteur audacieux et céleste et il rejoint la liste de plus en plus longue des créateurs à forte capacité de travail qui hantent le monde torturé et bouillonnant de la musique expérimentale.
Pays: NO
Hubro Music
Sortie: 2018/02/09