OKLAND, Nils BAND – Lysning
Le label norvégien Hubro nous a récemment fait parvenir un chapelet de trois nouvelles productions dont nous allons vous narrer le contenu d’ici les prochains jours. Connaissant l’orientation quelque peu avant-gardiste et expérimental de cette vénérable maison, il faut s’attendre à explorer des territoires sonores un tantinet déviants ou inclassables.
On commence avec cet album du Nils Økland Band, nouvelle œuvre de ce violoniste spécialisé dans le violon de type Hardanger. Pour ceux qui veulent briller en société en étalant un peu de culture, le violon Hardanger est un instrument typique de la musique norvégienne. Il n’est pas très différent du violon habituel mais développe une sonorité particulière, foncièrement adaptée à la musique traditionnelle norvégienne. Car c’est bien de musique traditionnelle, associée à de la musique contemporaine et du folk dont on va parler ici avec Nils Økland.
Ce dernier a démarré son parcours avec quelques groupes (Løver og Tigre en 1983, Balkansemblet de 1984 à 1995) et en duo avec le bassiste jazz Bjørnar Andresen. On le trouve aussi dans le trio Skinn og Bein en 1989 et dans le groupe d’improvisation Supersilent en 2000. C’est à cette occasion que la critique anglaise découvre ce musicien qu’elle considère comme un virtuose du violon traditionnel norvégien. Il a également collaboré à de nombreux disques de jazz pour d’autres artistes, tels que Christian Wallumrød, Benedicte Maurseth, Knut Hamre, Kari Bremnes, Alf Cranner, Karoline Krüger, Hans Fredrik Jacobsen ou le trio BNB (avec Berit Opheim et Bjørn Kjellemyr).
En solo, Nils Økland aligne une série d’albums (« Blå harding », 1996 ; « Straum », 2000 ; « Bris », 2004 ; « Monograph », 2009 ; « Kjølvatn », 2015). « Lysning » est sa dernière livraison et elle a été conçue avec l’aide de Rolf-Erik Nystrøm (saxophones), Sigbjørn Apeland (harmonium), Håkon Mørch Stene (percussions, vibraphone et guitare électrique) et Mats Eilertsen (contrebasse). Le concept est assez simple puisqu’il consiste en neuf variations autour du violon Hardanger qui va mener les débats sans partage. Entre folk et avant-garde, Nils Økland construit des ambiances assez mélancoliques, emmitouflées dans des rythmes lents et des sonorités calmes. L’atmosphère est triste, froide mais intense, suscitant le drame à travers des moyens dépouillés. Il n’est pas question ici d’avoir un chanteur qui viendrait gâcher tout cela avec des paroles ineptes, mais la plupart des titres évoquent les ombres et la lumière, ainsi que le voyage. Voici donc notre première leçon de norvégien avec « Drøm » (rêve), « Lysning » (éclairant), « Flukt » (fuite, évasion), « Skygger » (ombres), « Skumring » (crépuscule), « Blåmyr » (l’océan, en termes poétiques), « Speiling » (miroitant), « Bølge » (vague) et « Sikt » (visibilité).
Certains trouveront cette musique assez hermétique, d’autres verront dans ce disque une belle illustration d’une certaine rêverie hivernale. On imagine en effet assez mal la sortie d’un disque de ce genre en plein cœur de l’été. Mais au milieu des frimas et de la neige fondue, « Lysning » trouve sa place, aussi comme moyen d’apporter un peu de lumière en plein cœur de l’obscurité froide de l’hiver.
Pays: NO
Hubro Music
Sortie: 2018/02/09