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DELTA DEEP – East Coast live

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On va repartir sur les routes du blues mais il faudra prendre des gants en caoutchouc car le blues dont on va parler ici est sérieusement saturé en électricité. Et ce ne seront pas de petites routes poussiéreuses du Delta du Mississippi où se promènent de petits planteurs de coton poitrinaires mais de grosses artères bitumées où hurlent les pneus des Harley-Davidson. Le groupe qui va nous emmener dans cette expédition mouvementée s’appelle Delta Deep et ses membres ne sont pas n’importe qui.

En effet, ce groupe américain n’est ni plus ni moins qu’un super-groupe rassemblant quelques pointures du monde rock. Formé en 2015, Delta Deep se compose de Phil Collen (guitare et chant, également chez Def Leppard et Manraze), Robert DeLeo (basse et chant, de Stone Temple Pilots et Army Of Anyone), Debbi Blackwell-Cook (chanteuse chez Michael Bublé et Tesla) et Forrest Robinson (batterie, de Joe Sample & The Crusaders, India.Arie et TLC). On a ici une association entre musiciens hard rock, blueseux offensifs et soulmen brevetés, ce qui annonce les meilleurs augures pour cet album « East Coast live ».

Comme son nom l’indique, ce disque a été enregistré en concert, plus précisément au Daryl’s Club, une maison tenue par le fameux Daryl Hall du duo Hall & Oates et qui se situe au milieu de nulle part dans un bled à une centaine de kilomètres au nord de New York. Le son est servi par l’exiguïté des lieux et il n’y a aucune triche avec le mixage puisqu’on peut entendre le bruit des fourchettes tintinnabulant dans les assiettes des spectateurs. On est tout de suite capté par l’énorme personnalité de Debbi Blackwell-Cook, plantureuse chanteur d’ébène qui va mettre l’ambiance dans le club, s’adressant au public et le provoquant avec humour tout en emmenant les chansons d’une voix de stentor. Les titres, justement, sont assez facilement identifiables, ils proviennent tous du premier album éponyme sorti en 2015. Cependant, c’est une reprise phénoménale du « Black dog » de Led Zeppelin qui démarre le concert. Le ton est donné, les guitares vont usiner du douze-mesures à coups de riffs puissants et le blues de Delta Deep va s’avérer costaud, sensuel, carré et enjôleur tout au long de la quinzaine de titres qui vont enchanter le public.

Que ce soit sur un mode dynamique avec « Bang the lid » ou sur du plus douillet avec « Whiskey », on découvre le talent abrasif de Debbi Blackwell-Cook, résurgence d’Aretha Franklin et de Lisa Kekaula à elle seule. Phil Collen sarcle ses guitares avec force pour en faire jaillir des solos costauds et raffinés. Le rock ‘n’ roll pur et dru s’invite sur « Shuffle sweet », dû à la plume couillue de Phil Collen dont le passé Def Leppard ressurgit à cette occasion. D’autres imposants blues en mid-tempos continuent d’enterrer l’audience sous une tonne de décibels (« Bless these blues », les neuf minutes de « Mistreated », reprise de Deep Purple) avant qu’un solo de batterie de Forrest Robinson ne vienne remettre tout le monde d’aplomb. La chanteuse présente les musiciens sur cinq minutes de funk rock avant le dernier morceau, un imparable medley du nom de « Feel it » balancé en plein mode festif.

Sûr qu’on aurait aimé être à ce concert. On aurait pu sentir la sueur se condenser au-dessus de nos têtes tout en ressentant de salvatrices douleurs aux tympans. Mais cet album est là pour nous faire vivre l’événement par procuration et il serait bête de se priver de cette belle dose de blues électrique encore tout chaud.

Pays: US
Frontiers Records
Sortie: 2018/01/26

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