TRIBULATION – Down below
Revoici un groupe qui devrait continuer de susciter l’intérêt des amateurs de métal qui ont les idées larges. Si Tribulation a été lors de ses débuts en 2004 (à partir du groupe Hazard lui-même fondé en 2001) classifié dans le death metal à tendance old school, il en est aujourd’hui à un point de son parcours qui ne permet plus d’être aussi catégorique sur ses influences premières.
Comme l’avait souligné Maître Serry dans sa chronique de l’avant-dernier album de Tribulation, « The children of the night« (2015), ce groupe a choisi d’évoluer considérablement au point de se diversifier, et la bonne nouvelle est que cette mutation a bien fonctionné. Il y aura toujours les éternels insatisfaits, tenants maniaques du « c’était mieux avant », qui vont fustiger le groupe pour avoir dévié de sa ligne originale. Laissons ces gens se complaire dans toujours les mêmes albums depuis vingt ans, puisqu’ils ne souhaitent apparemment pas voir venir le changement sous leur porte. Cependant; les conservateurs pourront peut-être être satisfaits d’entendre que la voix du chanteur Johannes Andersson n’a pas changé par rapport aux débuts de Tribulation et reste toujours très death, et même black metal.
C’est un peu comme si les autres musiciens de Tribulation avaient décidé de changer de style mais avait omis d’en avertir leur chanteur, toujours persuadé d’appartenir à un authentique groupe de death metal. Mais hormis ce petit décalage (parfois un peu perturbant par rapport aux mélodies, disons–le à titre personnel), il faut admettre que ce nouvel album de Tribulation continue de convaincre dans cette optique du changement de style et de l’évolution intéressante vers quelque chose de nouveau, voire d’inédit.
Si le précédent album avait fait preuve d’un bel éclectisme, ce nouveau « Down below » se recentre vers davantage d’uniformité, cultivant toujours des atmosphères tristes et mélancoliques, voire gothiques, mais conservant cette ligne métallique mélodique légèrement funèbre du début à la fin. C’est ainsi que les angoissés et les collectionneurs de corbillards pourront épancher leurs tendances macabres à l’écoute de belles compositions comme « Lady death » ou « Lacrimosa », où les guitares se veulent épiques et les claviers se morfondent dans des arpèges dépressifs. Si la mise en place n’est pas très convaincante (avec un premier « The lament » trop mélodique pour être vraiment inquiétant), l’album parvient ensuite à décliner des morceaux aux climats particuliers, faisant cohabiter des atmosphères de maisons hantées et des cavalcades électriques typiquement vikings (« The world ») ou achevant sa course dans un échange piano-guitare, prélude à un « Here be dragons » de haut vol, capable de mettre en contact Conan le Barbare et les Hauts de Hurlevent.
Tribulation confirme ici son évolution originale et intéressante, signe que le death metal peut aussi devenir sage tout en conservant sa force de frappe. L’album contient des morceaux supplémentaires dans sa version vinyle. Nous ne les avons pas reçus mais nous imaginons qu’ils doivent être du même tonneau que ceux du CD.
Pays: SE
Century Media
Sortie: 2018/01/26