VAN GULICK, Jason – Concrete
Né à Reims, Jason Van Gulick a d’abord étudié l’architecture à Reims, Nancy et Lille entre 1994 et 2001 avant de se tourner vers la musique et de venir vivre en Belgique. Sa formation d’architecte n’est pas anodine puisqu’elle va influencer l’œuvre musicale de Jason Van Gulick en termes de construction des sonorités et de leur mise en perspective par rapport à l’espace. En effet, Jason Van Gulick est batteur mais c’est un batteur d’un genre particulier. Avec lui, pas de tac-poum binaire ou de surenchère technique sur des dizaines de fûts et de cymbales. Jason Van Gulick est un savant fou du tambour, un percussionniste avant-gardiste qui se livre à l’élaboration de ce qu’on pourrait appeler du drone rythmique.
Jason Van Gulick a acquis son expérience avec la fine fleur de la musique expérimentale. Depuis une vingtaine d’années, il est passé par toutes sortes de genres, du hardcore au métal extrême en passant par le post-rock, tout ce qu’il faut pour pervertir les conceptions musicales et rythmiques d’un batteur et l’amener naturellement à l’expérimentation électro-acoustique. Il crée à Lille en 2004 le projet interdisciplinaire Déga! avec son camarade Gilles Cauvin. En 2008, il accompagne Carla Bozulich (du groupe américain Constelation) en tournée, mais aussi Colin Stetson, Chris Corsano ou le légendaire Stephen O’Malley de Sunn O))). Il participe depuis 2009 au groupe Yermo avec Yannick Franck. On lui doit aussi des compositions pour le théâtre, ainsi que la bande-son d’une exposition des artistes Gast Bouschet et Nadine Hilbert au centre d’art contemporain du Luxembourg en 2013.
En solo, Jason Van Gulick commet ici son deuxième album, après un premier disque « Entelechy » sorti fin 2013. Il reprend en quelque sorte les choses là où il les avait laissées, avec une science consommée du travail sur le son et l’entretien de l’onde sonore. « Concrete » se compose de cinq titres simplement intitulés « Concrete#1 », « Concrete#2 », « Concrete#3 », « Concrete#4 » et « Concrete#5 ». L’album a été mixé par Richard Comte à Paris et a été mastérisé par Frédéric Aldstadt à Bruxelles. La pochette du disque a été conçue par Gast Bouschet et Nadine Hilbert. On reste épaté par les techniques percussionnistes de Jason Van Gulick, qui adapte son kit de batterie en fonction de l’espace dans lequel il joue. Il utilise également une table d’effets électroniques qui réceptionne les sons par le biais d’un câble passé sur les fûts et les cymbales. On peut voir des extraits de concerts sur son blog, qui illustrent la haute technicité et l’inventivité du bonhomme pour exploiter, étendre et torturer les différentes sonorités nées de sa batterie.
Il apparaît donc clairement que Jason Van Gulick est un des percussionnistes les plus inventifs et les plus audacieux de la scène moderne. Il est loin le temps des disques un peu bancals faits par des batteurs (comme le regretté Cozy Powell ou le Pete York’s Percussion Band) pour la seule gloire de la batterie. Ici, on a le futurisme percutant qui nous saisit directement pour nous faire apercevoir les bribes de l’avenir. Les amateurs de musique concrète et d’avant-garde martienne trouveront ici de quoi satisfaire leurs perversions sonores les plus tourmentées.
Pays: BE
Consouling Sound
Sortie: 2018/01/19