MONNIK – Bedevaart
Après un premier album « Vondeling« qui introduisait brillamment Monnik dans le monde très select de la scène drone/ambient belge, ce dernier revient avec son deuxième album « Bedevaart » (pèlerinage). La pochette rocailleuse et grise de l’album pose à nouveau les bases de ce que sera la musique de ce disque. On sent déjà pointer des atmosphères lourdes et austères qui vont faire fuir tous les amateurs des Killers, de Coldplay ou autres fanfaronnades pop pour midinettes écervelées.
Ne restent que les tourmentés, les quêteurs d’absolu, les anticonformistes ou les sourds qui vont pouvoir replonger dans l’univers particuliers de Monnik qui, comme son nom l’indique en flamand, n’est pas une fille qui s’appellerait Monique mais un musicien qui a pris le pseudonyme de « moine », histoire d’en rajouter dans le rigorisme.
Le premier album de Monnik construisait un drone pesant et relativement monolithique, étendu sur deux longs morceaux. Ici, Monnik pratique une certaine expansion sonore puisque d’une part il propose trois morceaux au lieu de deux et que d’autre part il varie davantage les sonorités et les rythmes de ses créations.
Côté ambiance, c’est toujours le recueillement funéraire et l’absence de toute franche rigolade qui prévalent au long de « Zielerust » (sans âme), « Berouw » (repentance) et « Afsheid » (adieu). Le premier titre affiche vingt minutes d’une progression lourde et lente, envahie de synthétiseurs apathiques et jalonnée de petits coups de clochettes, comme pour annoncer un angélus de tristesse abyssale. Le deuxième morceau nous envoie quatorze minutes d’un entrelacement entre les claviers nonchalants et la guitare timide, ponctué d’un chant lointain et d’effets cosmiques. Quant au troisième, plus court (sept minutes), c’est la cadence d’un piano las et fatigué qui le définit, avec un ralentissement progressif du rythme qui semble amener inéluctablement à l’arrêt, à la mort, avant qu’une accentuation finale de la mélodie ne vienne apporter une touche plus dramatique mais peut-être aussi d’espoir.
On ne ressort pas indemne de cette nouvelle expérience avec Monnik. On ne peut pas passer allègrement de cette musique au dernier album des Foo Fighters ou au dernier film de Frank Dubosc. Il faut remonter du fin fond de l’abîme par paliers de décompression. Fermer les lumières, faire silence, prendre une grande bouffée d’air et faire un petit séjour dans un exil intérieur, voilà ce qu’il faut pour se remettre d’un album de Monnik. Mais l’expérience vaut d’être vécue.
Pays: BE
Consouling Sounds
Sortie: 2017/10/27