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MERCYLESS – Coloured funeral

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La scène death metal française des années 80/90 a défendu son petit pré carré avec bravoure et talent, avec une capacité évidente à rivaliser avec les monstres anglo-saxons du genre (Death, Obituary, Morbid Angel, Deicide, Angel Death, Possessed…). L’Hexagone a pu compter sur quelques fleurons comme Agressor (d’Antibes), Massacra (de la région parisienne) ou les légendaires Loudblast (de ch’Nord) pour assurer la défense d’un death français qui n’a pas pris une ride encore aujourd’hui. Mais il ne faudrait pas oublier un autre de ces excellents groupes, en quelque sorte un secret très bien gardé de l’autre côté de la frontière, les Alsaciens de Mercyless.

Originaire de Mulhouse, Mercyless se forme en 1987 autour de Max Otero (chant et guitare), Stéphane Viard (guitare), Boris Mandavy (basse) et Pierre Abeillon (batterie), vite remplacé par Gérald Guenzi. Le combo s’appelle d’abord Merciless mais se rebaptise Mercyless quand un Merciless suédois ayant déposé son nom est découvert par les Mulhousiens. Après les années de formation dans le petit local crasseux et les scènes locales, Mercyless commence à faire parler de lui sur bande enregistrée, avec un premier EP « Vomiting nausea » (1990) et sur la compilation « Total virulence ». Après le remplacement de Boris Mandavy par Rade Radojcic, Mercyless édite son premier album « Abject offerings » en 1992, à la suite d’une signature sur le label anglais Vinyl Solution et un passage en studio sous la houlette du grand Colin Richardson (Bolt Thrower, Cannibal Corpse…).

C’est alors que le label Century Media repère les Alsaciens et leur propose un deal, ce qui aboutira à la sortie du deuxième album « Coloured funeral » en 1993. C’est de ce disque dont nous allons parler, à l’occasion de sa réédition par la maison Xenokorp (ex-Kaotoxin), qui commence à faire parler d’elle avec quelques sorties intéressantes de groupes death old school. L’idée d’une réédition de « Coloured funeral » est pertinente à plus d’un titre. D’abord parce que ce disque fondamental de la scène death française n’avait jamais été réédité depuis sa sortie chez Century Media (qui avait lâché le groupe en 1994, pour cause de changement de mode et de concurrence invincible du grunge). Et ensuite parce que cet album est une authentique tuerie et un trésor pour les amateurs de death old school, brutal et saignant à souhait. Inspiré par des critiques de la politique et de la religion, Mercyless délivre ici son plus haut niveau de technique et de puissance. Servi par une production impeccable, le quatuor livre un assaut sonore parfaitement maîtrisé, armé de riffs sauvages et de constructions mélodiques ouvrant parfois accès à du progressif. Dans la lignée de Death, Morgoth ou Pestilence, Mercyless n’en garde pas moins une patte personnelle, une touche qui lui est propre. « Coloured funeral » est un de ces albums qui révèle ses qualités au fil des écoutes, lâchant à chaque fois de nouveaux détails. Evidemment, il s’adresse aux oreilles rivetées qui sont accoutumées à la musique extrême. On reste ici particulièrement impressionné par des morceaux comme « Mirrors of melancholy », « Forgotten fragments », « Contemplations », « Serenades (into your limbs) » ou le monstrueux « Beyond god » qui conclue le disque.

Après ce coup de maître, Mercyless ne va pas très bien négocier les virages ultérieurs de sa carrière. Des changements de section rythmique à répétition, deux albums suivants assez mal conçus dans leur distribution commerciale (« C.O.L.D. », 1996, retiré de la vente à l’initiative du groupe et réédité en 1999) ou dans leur style musical (« Sure to be pure », 2000, beaucoup plus power metal à la Pantera mais éloigné des influences naturelles du groupe) et un intérêt croissant pour le projet parallèle Day Off Sin, beaucoup plus expérimental, vont aboutir à la dissolution de Mercyless en 2001.

Dix ans plus tard, le seul membre restant Max Otero remonte Mercyless avec des petits jeunes qui en veulent et reprend la route du combat death, avec deux albums (« Unholy black splendor », 2013 et « Pathetic divinity », 2016) qui ont regagné du poil de la bête et qui s’avèrent très convaincants. La réédition du chef-d’œuvre « Coloured funeral » arrive à point nommé pour relancer la publicité autour de Mercyless, qui mérite qu’on se souvienne de lui comme un des « Big Four » du death metal français. A (re)découvrir.

Pays: FR
Xenokorp Records
Sortie: 2017/10/27 (réédition, original 1993)

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