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CHARNIA – Het laatste licht

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Nous retrouvons ici les Gantois de Charnia, qui avaient réalisé leur premier album « Dageraad«  en 2014. Il y eut l’aube en 2014, il y a maintenant la dernière lumière, comme une sorte de contraire surgissant au bout de ces trois années. Et en effet, ce deuxième disque de Thibaud Meiresone-Keppens (chant), Jelle Pieters (guitare), Diederik van Eetvelde (basse) et Seppe Batens (batterie) se pose comme l’antithèse du post-metal et sludge qui avait été formulé sur « Dageraad ». « Het laatste licht » se présente comme un long morceau frôlant les quarante minutes, très introspectif et lent, composé de différents chapitres sonores. On est davantage dans l’ambient que dans le sludge.

Les hommes de Charnia ont posé et reposé l’ouvrage sur le métier, concoctant patiemment cet écheveau de sons parfois sans forme particulière, puis soudainement structurés par un rythme de batterie ou de guitare. Le violon est très présent, mis en œuvre ici par Jan Debacker, auquel s’ajoute la contrebasse d’Innerwoud, invités tous les deux sur cet album.

Sur ces quarante minutes, les vingt-trois premières plongent l’auditeur dans un univers planant et froid, ralenti, suggérant la fatigue et la langueur. Un engourdissement prend peu à peu possession de nos esprits, le vague-à-l’âme s’installe. L’accumulation des sonorités de cordes vient instiller une ambiance dramatique, inquiétante. C’est alors qu’un lourd martèlement annonce un changement brusque, où les guitares prennent le relais et propagent d’énormes vagues d’accords poisseux et menaçants. Au milieu de ce flot, le violoncelle semble chanter une litanie rupestre. Quelques minutes plus tard, une nouvelle porte s’ouvre, libérant un chant surgi des profondeurs de la terre, lâchant une plainte ulcérée mais à peine perceptible. Les harmonies continuent de grossir et sont près d’approcher un paroxysme. Mais peu avant les dix dernières minutes, la pression retombe, la voix s’est extraite du magma de guitares et vole maintenant très haut, dans une forme angélique. La guitare domptée se replie sur des arpèges cristallins et égrène des notes à nouveau mélancoliques. C’est comme après une lutte féroce, quand le champ de bataille est redevenu une terre muette et fumante, où des combattants isolés titubent avant de tomber et de s’en remettre au chagrin. Nous achevons ainsi notre périple dans cette dernière lumière, qui s’amenuise petit à petit au point de ne devenir qu’une lueur mourante, entourée de mélodies disparaissant à leur tour. Le chant retourne vers la terre, devenant de plus en plus dramatique. La guitare survit encore un peu, gagnée par un ralentissement morbide. Puis il ne reste qu’un dernier souffle, et c’est fini. La disparition survient douze secondes avant que la quarantième minute ait le temps de sonner, comme un symbole d’inachèvement.

Il n’y a plus qu’à reprendre le chemin de la vie quotidienne, qui semblera encore plus morne après cette magnifique expérience sonore, où une dimension supérieure s’est emparée de nous le temps de ces presque quarante minutes arrachées à la glaise du malheur routinier.

Pays: BE
Consouling Sounds
Sortie: 2017/10/20

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