CD/DVDChroniques

PORN – The ogre inside

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de ce groupe français Porn, nous les renverrons à la chronique de l’album « Chapter one«  d’An Erotic end Of Times, où l’on retrouve précisément Philippe Deschemin, concepteur de cet album et également maître à penser de Porn, qui signe ici son troisième album en 18 ans d’existence.

Nous n’allons donc pas revenir sur le détail de la carrière de Philippe Deschemin mais nous allons découvrir avec Porn d’autres aspects de sa riche personnalité. Philippe Deschemin est étudiant en psychologie et sociologie lorsqu’il décide de créer en 1999 son groupe Porn, qui est tout simplement un hommage à l’album « Pornography » des Cure, histoire de replacer dans le contexte les préoccupations musicales de ce garçon, qui donne aussi libre cours à sa dépression en écoutant des combos de la scène indus (SPK, Esplendor Geometrico), post-punk / gothique (The Cure, Killing Joke, Fields Of The Nephilim) ou métal industriel (KMFDM, Marilyn Manson). Il cherche à créer un son agressif, puissant, dangereux mais sexy, « comme un beau fruit juteux mais avec une lame de rasoir à l’intérieur », pour citer ses propos.

Un premier album sort en 2004, suivi d’un EP en 2005, tous deux compilés depuis sur l’album « A decade of glitter and danger », sorti en 2009. Lors de cette première période, Philippe Deschemin est accompagné d’Hugues Bérard (basse), Cyril Estardie (programmation) et Cédric Michal (batterie). Lors de la sortie du deuxième album « From the void to the infinite » en 2011, Mehdi Desoeuvre (guitare) s’est joint au groupe et Didier Quincey (batterie) a remplacé Cédric Michal. 2015 voit la sortie d’un album de reprises et de remixes, intitulé « Decontruct », ainsi que la publication du premier roman de Philippe Deschemin, « Contoyen ».

C’est ce premier bouquin qui sert d’inspiration au nouvel album de Porn, « The ogre inside », appel à la lutte contre nos démons intimes, qui sont des ogres prêts à tout dévorer. Afin de mieux nous faire comprendre les dangers du mal, Philippe Deschemin choisit d’intégrer au fil des morceaux des extraits sonores mettant en scène la voix d’Aleister Crowley (1975-1947), sans doute le magicien noir le plus connu du 20e siècle, qui se considérait comme un envoyé de Satan (et tout cela sans jamais avoir été banquier…). Côté musiciens, Hervé Guillemard (basse) prend la place d’Hugues Bérard et Mehdi Desoeuvre quitte le groupe en 2017, sans que nous sachions s’il est parti avant, pendant ou après la conception de l’album. En tout cas, Stéphane Rimasauskas et Erwan Frugier sont les nouveaux guitaristes de Porn en 2017.

« The ogre inside » nous révèle un métal gothique tourmenté et pleureur, porté par la voix ténébreuse de Philippe Deschemin qui descend dans les profondeurs de la douleur et du chagrin (« Sunset of cruelty », « Nothing but the blood ») ou de l’amour malsain (« She holds my will »). Son cheminement le confronte aussi à la mélancolie (« Close the window ») et même à la mort, qui va s’insinuer par étapes. D’abord par l’irruption de l’ogre dans son âme (« Death does not last forever », « Heavy is the crown »), avant que le trépas ne s’annonce (« You will be the death of me ») et n’emporte le héros dans l’obscurité (« The ogre inside »).

On l’aura compris, cet album ne s’adresse pas aux amateurs d’humour gras et potache ou aux blagues de blondes. Sa sortie coïncide avec la Toussaint et le culte des morts, ce qui tombe à pic. Une petite balade dans un cimetière avec ce disque dans les oreilles et vous serez bons pour voir des fantômes à tous les coins de tombe. Mais la poésie plaintive et la beauté glacée de « The ogre inside » vous aideront sans doute à sympathiser avec les défunts.

Pays: FR
Les Disques Rubicon
Sortie: 2017/10/20

Laisser un commentaire

Music In Belgium