UNSANE – Sterilize
Cinq ans après un « Wreck » en demi-teinte, les New-Yorkais d’Unsane reviennent avec un nouvel album apte à redorer le blason de ces champions du post-hardcore et du noise, actifs depuis bientôt trente ans. Eh oui, Unsane s’est formé en 1988 autour du chanteur-guitariste Chris Spencer et le groupe s’est stabilisé assez vite avec le recrutement définitif du batteur Vincent Signorelli en 1992 (suite à la mort par overdose du premier batteur Charlie Ondras) et du bassiste Dave Curran en 1994.
C’est qui caractérise Unsane, c’est sa vision sombre des choses (les pochettes d’albums représentent toujours des coulées de sang et les âmes sensibles devront affronter par exemple la photo d’un type décapité sur le premier album de 1991) et un son particulièrement cruel, servant un chant hurlé et vindicatif. En trente ans, les hommes d’Unsane ont pris leur temps pour concocter des albums puisqu’il n’en ont délivré que huit : « Unsane » (1991), « Total destruction » (1994), « Scattered, smoothered & covered » (1995), « Occupational hazard » (1998), « Bloodrun » (2005), « Visqueen« (2007) « Wreck » (2012) et « Sterilize » (2017), qui sort sur le label Southern Lord, quatrième label en quatre albums (après Relapse, Ipecac et Alternative Tentacles), ce qui rend quand même la conduite du groupe assez versatile.
Mais cela valait la peine d’attendre car Chris Spencer et son gang reviennent plus remontés que jamais, habités par une colère volcanique, déversant une haine froide et brute sur nos oreilles. On s’en prend plein le chou d’entrée de jeu avec les gigantesques « Factory », « The grind » ou « Aberration » qui viennent visser au-dessus des têtes un couvercle de plomb surchauffé. Le son mixé par Andrew Schnieder et mastérisé par Carl Staff est particulièrement massif et brutal. Le chant se déchire dans un crachotement rugueux sur « Inclusion » et part dans un paroxysme sidérant sur l’excellent « Distance » et son refrain au chant clair subreptice. Le dernier morceau « Avail » ralentit le tempo et donne l’occasion à Dave Curran de travailler une basse particulièrement graisseuse.
Unsane revient en fait à ce qu’il sait le mieux faire, un noise hardcore sans concessions et redoutablement aiguisé. En ce sens, il reproduit son style et inscrit ce nouvel album dans une suite prévisible. Mais à ce niveau de colère et de désespoir, Unsane retrouve ses fondamentaux et ses instincts primaires. Ça nettoie et ça taillade impitoyablement. Ceux qui étaient au DesertFest d’Anvers le 14 octobre dernier et qui ont vu le groupe en opération sur la grande scène du Trix peuvent en témoigner. Unsane est de retour en ville et ça va flinguer!
Pays: US
Southern Lord Records
Sortie: 2017/09/29