BLOOD BABY-SITTERS – Love abject
Formés à Bruxelles en 2005, les Blood Baby-Sitters ont un but explicite : se marrer et jouer du punk-rock. Voilà un programme simple et clair, hautement respectable. Etant donné que le groupe n’est pas vraiment enclin à se prendre au sérieux, il n’y a donc pas une politique poussée sur la communication et les relations publiques. Combien d’albums avec ce « Love Abject »? Sans doute aucun, après une fouille approfondie de différents sites qui pourraient nous renseigner sur les activités passées du groupe. « Love Abject » annonce en fait une période de 2012 à 2017 au cours de laquelle les morceaux qu’il contient auraient pu être composés. Et comme on ne dénombre pas moins de 19 titres sur cet imposant CD, on peut conclure qu’il a bien fallu cinq ans aux hommes de Blood Baby-Sitters pour mettre au point ce volumineux répertoire.
Les chansons que l’on trouve ici devraient normalement être inspirées des artistes cités par Brian Reynolds (guitare) et Alexandre Clément (guitare aussi) sur le site de leur groupe, à savoir Alice Cooper, The Sweet, Slade, Kiss, Twisted Sister ou Wednesday 13. Autrement dit, on devrait trouver ici du glam rock pur jus mais en fait, les propos sont plutôt centrés autour d’un punk mélodique qui fait des bulles roses et qui rappelle les Green Day, Offspring, ou Blink-182 que les adolescents à skate-board et à chewing-gum à la fraise aiment bien.
Le disque est divisé en six chapitres qui semblent servir de fil conducteur à un album concept. On aura au départ « The wake (attraction, consummation, passion & betrayal) », suivi de « The denial », « The anger », « The bargaining », « The depression » et finalement « The sleep (acceptance) ». Cette suite fait penser au cycle de l’histoire d’amour ratée ou à la lutte contre une maladie incurable, ce qui revient au même.
Si l’on démarre joyeusement sur des rythmes effrénés dans les premiers temps du disque (« Never sleep again », « Body bag buddy », « A girl like you »), le rythme ralentit quelque peu et la dépression s’installe tout doucement au fur et à mesure que l’on avance dans les morceaux (« Meet the Blood Baby-Sitters », « The butterfly’s will », « Sleep again »). Une colère adolescente traverse la musique des Blood Baby-Sitters, qui ne se sont toujours pas remis du décès d’Harris Glen Milstead, alias Divine (1945-1988), le fameux travesti obèse des films trash et décadents de John Waters, puisque l’album lui est dédié. Comme on le disait, l’atmosphère musicale créée ici par les Blood Baby-Sitters doit plus au bubble punk qu’au glam rock de Slade ou d’Alice Cooper. Certes, on navigue sur des eaux connues déjà découvertes depuis bien longtemps mais le groupe bruxellois compense son originalité timide par une sincérité authentique. Cela ne suffit cependant pas à faire de ce « Love abject » un album dévastateur en termes de violence punk, mais l’ensemble reste sympathique pour son angoisse colérique et son primitivisme adolescent. Et surtout, il devient plus intriguant et inquiétant vers la fin, ce qui relève son niveau.
Les Blood Baby-Sitters joueront un concert au Rock Classic Bar, rue du Marché au Charbon 55 à Bruxelles, le 28 décembre prochain. C’est annoncé à l’avance et c’est gratuit. Donc entre deux réveillons, vous saurez où aller vous réchauffer si d’aventure il vous arrivait d’avoir froid aux fesses.
Pays: BE
WPWA/78-828-2017
Sortie: 2017/08/08