LOSS – Horizonless

Un jour, le voyage se termine. La vie, telle que nous la connaissons, a un début et une fin. Du moins en est-il ainsi de nos vies humaines, et peut-être en sera t-il ainsi de l’humanité entière.

Si les religions abrahamiques tentent de donner un sens à cette conscience de la mort qui nous habite en faisant planer sur nos existences le paradis ou l’enfer, d’autres envisagent notre finitude avec moins d’hypothèses : jusqu’à preuve du contraire, quand cela finira, notre conscience mourra en même temps que notre corps et il n’existe pas d’après. La Mort est terrible mais elle se regarde sereinement, les yeux dans les yeux, on meurt après avoir vécu sans regrets ni remords, plein de son parcours, plein de ses richesses, ses cicatrices et ses erreurs.

« Horizonless » (titre limpide) est un album qui parle de cette perte irréparable qu’est la disparition, notre propre disparition. Point d’effroi, point de peur du vide, point de tristesse de nos proches ; ici, c’est soi face à la Mort. Ce dernier état d’éveil avant la Grande nuit.

Pour traduire cette philosophie, pour nous rendre témoins de ces derniers instants, Loss produit ici un Doom mélancolique, ralenti au maximum jusqu’à empêcher l’air de passer dans nos poumons. Deux voix rivalisent comme pour mieux encore signifier ce dialogue terrible entre l’Homme et sa fin, l’une hurle une rage douloureuse comme un dernier cri de vie et l’autre est aussi basse et écorchée qu’un album de Drone. Et pourtant, plutôt que de trembler de peur, c’est la beauté et la tristesse qui dominent ce superbe album.

L’album de Loss sort 6 ans après leur précédent opus « Despond », et s’il a mis tant de temps à trouver le chemin des bacs, c’est qu’il est d’une bouleversante intégrité, d’une honnêteté radicale.
Et si cette radicalité effrayera peut-être certains, elle est surtout ici la preuve d’un album qui a pris le temps de mûrir avant de se donner et qui offre sa musique en un seul geste total et beau comme le trait d’un génie s’apprêtant à peindre ce qui sera un chef-d’œuvre.

Des morceaux magnifiques comme « The Joy Of All Who Sorrow », « All Grows On Tears », « Horizonless » ou « When Death Is All » vous accompagneront longtemps.

Quand la Mort pleure de vous accueillir en son sein, elle a beau être impitoyable, elle n’en est pas moins émouvante à en faire couler nos larmes.

Pays: US
Profound Lore Records PFL 180 CD
Sortie: 2017/05/19