PERSECUTORY – Towards The Ultimate Extinction
Note préliminaire : Attention, cet article démarre de façon bancale par l’ornière réductrice du manque de culture du chroniqueur.
De la Turquie, quand on ne l’a pas visitée ou si on ne l’a visitée que lors d’un périple all inclusive avec Thomas Cook, on a des images de paysages ensoleillés magnifiques, des articles à foison sur sa politique pro et anti (religion, Russie, Europe, réfugiés…), un carrefour de contradictions qui peut mener de l’Orient à l’Occident et inversement, le visage de plus en plus présent d’un leader prêt à tout pour éteindre les feux du dialogue… L’idée d’un pays laïque et ouvert basculant inexorablement dans une situation que l’on peut pudiquement qualifier de complexe.
Mais « Towards The Ultimate Extinction », premier album de Persecutory après un remarquable EP (« Perversion Feeds Our Force » en 2015) est là pour faire voler en éclats tous les clichés. D’ailleurs, Persecutory est là pour tout faire voler en éclats.
Parce que Persecutory tabasse.
Persecutory se revendique comme un trio impie décidant de jouer une musique morbide, maléfique, chaotique, perverse et satanique qui balaie l’idée d’une quelconque récompense divine à venir pour ne laisser la place qu’à la vacuité des discours rassurants, à l’hypocrisie de tout ce sur quoi reposent les fausses philosophies du bonheur que l’on poursuit comme de ridicules et insatiables zombies.
Nous sommes seuls et nous resterons seuls, autant l’assumer.
Mais à la différence du chroniqueur, Persecutory est cultivé et a bien dévoré, mâché, digéré et recraché une belle somme d’influences Metal. Il y a du Death, du Black, du Thrash, du War… C’est sauvage, rapide, frontal.
Le grand talent du groupe est le chaos dont ils se font des étendards furieux. Mais ce n’est ici qu’une sensation de chaos tant il est réfléchi et organisé, si organisé qu’il passe du statut de concept à celui de science. Cela aurait pu n’être qu’une intention louable de dévastation Metal pour un jeune groupe apparu en 2014 mais comment faire l’impasse sur la puissante cohérence qui parcourt sans failles les 42 minutes de « Towards The Ultimate Extinction » ?
Chacune des sept plages de l’album est un trésor de variantes qui passe sans prévenir d’un hurlement guerrier à un cri de douleur, d’une scène de bataille dans l’obscurité à une course effrayée, de la brutalité la plus sincère à deux notes de guitare isolées et lourdes qui nous coupent le souffle. On croit qu’ils ne tiendront pas la longueur, qu’ils devront se reposer un instant mais chaque fois, ils se relèvent et poursuivent le combat, plus fort, encore et toujours plus fort, nous entraînant dans un Headbang inexorable et jouissif.
Si je devine sans peine que les membres du groupe sont athées, voire un peu plus même, s’il y en a bien un qui se fait martyriser et insulter, c’est le Dieu Compromis et je n’aimerais pas être à sa place dans le Mosh Pit pendant le concert.
Et en parlant de concert, je me prends à rêver de celui-ci au palais présidentiel d’Ankara en présence d’Erdogan et de cars entiers de clients Thomas Cook.
En imaginant les visages outrés de l’assemblée, cela me donne une certaine idée de la transgression.
Et de l’insolence.
Que c’est beau l’insolence.
Que c’est vital et urgent.
Pays: TR
Godz Of War Productions
Sortie: 2017/06/30