GET THE SHOT – No Peace In Hell
Il y a des albums qu’on se prend dans la gueule, tout le monde sait ça. On se les prend chacun à notre manière, comme je le faisais remarquer à mon pote qui aime Biolay : Je n’ai rien contre les gens qui écoutent des chanteurs nombrilistes et dépressifs, j’ai un pote qui adore Biolay. Tout ça pour dire que l’inspection de son nombril provoquée chez mon ami par le dernier album de BB ( » Volver », sans ‘ré’, ça veut dire ‘revenir’ en espagnol) a sans doute peu à voir avec l’envie de casser les vitres de mon train qui m’a prise la première fois que j’ai écouté Get The Shot.
Ce groupe canadien (‘québécois’, me ferait remarquer mon amie indépendantiste québécoise, oui, j’ai de drôles d’amis) produit un hardcore straightedge qui défrise agréablement. 11 titres de pure rage qui font comprendre que, s’il faut détruire ce monde, il convient de le faire avec élégance, entrainé par les hurlements rageurs de ce groupe, par exemple. Ils font également comprendre qu’on doit se faire chier grave, à Québec, pendant les longues soirées d’hiver ; d’où, je suppose, l’envie de produire une musique à fendre la glace qui recouvre alors le Saint Laurent… Merde, voilà que je deviens lyrique.
Je ne dirais pas qu’ils réinventent le hardcore, mais ils produisent quelques-uns des morceaux les plus énervés qu’il m’ait été donné d’entendre, sans jamais perdre le fil de leur morceau. Rythmes parfaits, synchronisation impeccable, variations de tempo renversantes, chant d’une tonicité extraordinaire, on retrouve ça chez bien d’autres groupes, mais il semble qu’ici, ce soit particulièrement net et tranchant. Car il faut être hors de soi pour le HxC, mais péter les plombs implique une sacrée maitrise de soi, si on peut dire les choses comme ça. C’est exactement ce qui ressort de l’écoute de Get The Shot : l’impression de gars qui vont au bout du trip, mais savent à chaque instant où ils se trouvent.
J’avoue un petit faible pour « Rotting Idols », « Cold Hearted » et « Erase The Scum » qui vous prennent en étau entre une scansion implacable et un chant rageur. Les paroles de l’album sont à l’avenant, entre insultes aux néonazis et affirmation de la vanité de la vie. Ainsi, dans « Prime Evils » : I wait to die ‘cause I sold my soul / Running out of faith / Nevermind ‘cause I sold my soul / And I will die in vain… On retrouve donc les thèmes chéris du hardcore : la lutte dans une société injuste, l’absurdité de combats perdus d’avance, mais qu’il faut s’évertuer à mener… et toute la révolte qui va avec.
L’album date de 2014, mais le groupe n’est pas mort, puisqu’ils tourne constamment (ils seront à Winnipeg le 6 juin, si ça vous dit). Et puis, qui a dit qu’il ne fallait chroniquer que les nouveautés ? No Peace In Hell est leur deuxième plaque et vous pouvez l’écouter intégralement sur leur Bandcamp. Vous pouvez aussi aller jeter un œil à leurs clips sur leur chaine Youtube. Ce n’est pas parce qu’on veut détruire le monde qu’on crache sur les services que peuvent rendre les géants de l’Internet, non plus.
Sur eux, par contre, peu d’infos. Ainsi leurs noms n’apparaissent-ils nulle part, ni sur leur profil Facebook ni sur Bandcamp. Voilà qui a peu d’importance pour des gars qui, de toute façon, ont perdu leur combat d’avance et mourront en vain. Comme ils l’écrivent : No fashion, no frills, no lies. Get The Shot is all about rage toward this harsh place we live in.
Pays: CA
Demons Run Amok Entertainment
Sortie: 2014/05/09