GHUSA – Öswedeme
A approcher cet album de ghUSa (on écrit le nom comme ça car ça veut dire God Hates Us All, pour paraphraser un célèbre album de Slayer pourtant sorti après la formation de ghUSa puisque le groupe existe depuis 1989), on aurait pu parier quarante caisses d’aquavit contre deux drakkars que l’on avait affaire ici à une touche purement suédoise : pochette d’album typiquement dans la veine heroic fantasy, titre d’album imprononçable avec des trémas et noms de musiciens directement sortis d’un trip black metal suédois (L. Chuck D. , Heimdall, Pyromancer). Pourtant, ce sont les noms des guitaristes qui nous sortent de l’illusion scandinave pour nous ramener dans une réalité plutôt gauloise. Vincent Bigaillon et Romuald Potel sarclent en effet les manches dans ce groupe parisien solidement ancré dans un death old school qui réveille les dieux maudits du Valhalla et fait craindre un nouveau saccage de villages normands par des hordes de Vikings furieux.
Le bilan discographique de ghUSa est assez modeste pour un groupe affichant 28 ans d’existence. Le combo met en effet en lice deux démos (« Mortal remains » en 1994 et « The nail » en 2002), et deux albums dont le nouveau « Öswedeme » fait suite à un « Letter to my son'(s) » paru en 2006. Le credo philosophique de ghUSa donne plutôt dans des questions de religion (ou plutôt d’athéisme) et d’heroic fantasy, genre Odin et Thor sont dans un bateau. Mais la qualité prévaut-elle sans doute sur la quantité, surtout quand on écoute ce convaincant deuxième album de ghUSa.
Les hommes de ghUSa ne cherchent pas à faire dans du death alambiqué et post-moderne. Leur truc, ce sont les bonnes vieilles recettes héritées des glorieux prédécesseurs Grave, Entombed, Dismember, At The Gates, Nihilist, Amon Amarth, Massacra, Edge Of Sanity, Asphyx ou Vallenfyre. On sort donc les haches fraîchement affutées et les marteaux de Thor et on fonce dans le tas en moulinant dans le vide. Les choses démarrent avec la longue introduction instrumentale « 28 days later », qui monte peu à peu en puissance et se drape d’un dramatisme poignant. L’auditeur est maintenant suffisamment attendri pour se prendre un assaut massif de décibels impitoyables et se fait aplatir sous un rouleau compresseur de ferraille brute (« H », « Project 9 »). Des mid-tempos taillés sur mesure pour des trolls dézingués à l’hydromel viennent fissurer la croûte terrestre, toujours rehaussés par un chant d’ours en colère (« Death or glory », « Sickening »). Parfois, une attaque de black metal vient faire place nette, histoire de détendre l’atmosphère (« Epitaph »). On atteint alors le meilleur de l’album, avec les excellents « In gods we fear » et « Carve up », un concentré d’Entombed à l’ancienne comme on les aime dans les grottes de Norvège. Le final nous réserve aussi de bonnes surprises, avec le long « Flying in a dark dream » qui nous tient en haleine pendant près de neuf minutes. La cohabitation entre une rythmique speed metal et d’énormes guitares doom fonctionne au mieux.
Solidité et classicisme sont ce qui caractérisent le mieux « Öswedeme », un album qui, espérons-le, donnera davantage de visibilité à un groupe qui sait retenir l’attention. A condition qu’on soit fan de death, bien sûr.
Pays: FR
Dooweet Agency
Sortie: 2017/05/05