CD/DVDChroniques

WIEGEDOOD – De doden hebben het goed II

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Qui saurait dire pourquoi un album est bon, pourquoi il nous parle ? Il y a tant de groupes sur le marché, les codes sont tellement présents (les disputes autour de la définition des mouvements en attestent), l’influence des modèles, tellement forte.
Pourquoi Wiegedood serait-il donc un bon groupe ? Parce qu’il est belge ? On s’en fout, non ? Parce que ses compositions sont originales ? Peut-être. Je pense que c’est avant tout une question de conviction. Pourquoi la pop est-elle souvent si mauvaise ? Parce qu’elle est faite sans conviction par des mercantis prêts à mâchouiller les os de Barbara, à mouiller la compresse de Renaud, à singer le désespoir amoureux ou la frivolité, à répéter ad nauseam des formules toutes faites. Ils auraient tort : ça marche chez les bœufs. Les albums d’hommage sont-ils autre chose que cela : le choix du chemin le plus court vers le coup de sacoche ?

Ne nous faisons pas d’illusion : le Metal est aussi, par certains aspects, un marché que peuvent investir les cyniques, mais il faut reconnaitre qu’on peut difficilement soupçonner Wiegedood d’être de ce bois. En février, ils ont sorti leur deuxième album, intitulé de manière originale « De doden hebben het goed II », qui fait suite à un « De doden hebben het goed« . On soupçonne le groupe d’être composé de joyeux drilles, puisque leur nom signifie ‘mort subite (du nourrisson)’ et, comme chacun l’aura compris, leur album s’intitule littéralement ‘les morts ont raison’.

On y retrouve en effet Wim Coppers à la batterie, Gilles Demolder (bassiste de Oathbreaker) à la guitare et Levy Seynaeve (bassiste de Amenra) au chant et à la guitare. Voilà donc une nouvelle création en direct de la si dynamique scène métal flamande… miam !

La plaque est disponible en CD et en vinyle (le premier pressage est épuisé, une réédition sur une galette verte transparente est en vente). La présentation est particulièrement soignée, surtout celle du vinyle (beau carton, gatefold, insert). Malheureusement, celui-ci n’est pas vendu avec un code de téléchargement.
L’écoute démarre sur les chapeaux de roue avec « Ontzieling » (désâmement) : rythme rapide, chant sépulcral, mais mélodie toujours bien présente. On est devant un black métal atmosphérique très maitrisé : pas de bouillie, pas de cacophonie, on entend que ces gars ont le sens de la composition, de l’équilibre entre lourdeur et mélodie. On sent aussi qu’ils ont beaucoup tourné ensemble.
Vient ensuite « Cataract » qui déploie un rythme nettement plus lent. Ce n’est pas du doom, mais le morceau prend son temps, planant dans des ambiances répétitives… avant de se précipiter. Au long du morceau, des variations de rythmes renouvèlent d’intérêt, mais sans jamais donner l’impression qu’on a cousu ensemble des trames sans rapport. Encore une fois, on sent l’expérience de la scène, la nécessité de tenir le public en haleine, de le surprendre sans le perdre.
« De dodenhebbenhetgoed II » commence sur une lancinante montée en puissance, qui ouvre sur un rythme binaire… des grommèlements deviennent un chant guttural… Ces gars savent décidément amener un morceau ! Ce qui frappe avant tout, c’est la clarté du son, l’équilibre général, la capacité à combiner rythme, mélodie (eh oui) et ambiance sépulcrale. Il n’y a pas à dire, c’est du beau boulot, une preuve de plus que faire du métal, ce n’est pas gueuler dans un enregistreur.
Le disque se clôt sur « Smeekbede » (supplication) qui nous gratifie d’un rythme soutenu, martelant jusqu’à la fin le black metal coassant du groupe.

Il ressort de l’écoute de l’album le sentiment d’une grande maitrise dans les compositions, d’une complexité intéressante des morceaux, mais aussi d’une harmonie générale, signe d’un groupe droit dans ses bottes. La diversité des morceaux permet à l’œuvre de survoler de haut ces productions répétitives qui alignent des structures identiques et des mélodies banales. Un groupe assurément intéressant qu’il me tarde de découvrir en concert.
Pays: BE
Consouling Sounds SOUL0081
Sortie: 2017/02/10

Laisser un commentaire

Music In Belgium