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DESCENDANTS OF CAIN – Conversations with mirrors

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Alors ici, on aborde de la référence hautement intellectuelle, le truc qui va permettre d’alimenter les conversations de cocktail ou d’étonner vos amis lors des matchs de foot. D’après la Genèse, les descendants de Caïn (vous savez, le fils d’Adam et Eve qui avait buté son frère Abel et qui s’est retrouvé un petit peu embêté par Dieu le Père en personne) sont Enoch, Irad, Mehujael, Metushael, Lamech et les frères Jabal, Jubal et Tubal-cain. Mais d’après Beowulf, poème épique anglais du VIIIe siècle, les descendants de Cain seraient plutôt le monstrueux Grendel et sa maman, ainsi que le dragon. En gros, des personnages peu recommandables qui font peur à tout le monde, sauf à Beowulf, bien sûr, puisque c’est le héros de l’histoire. En matière de littérature, Les descendants de Caïn est un livre coréen de Hwang Sun-won (1915-2000), publié en 1954 et qui raconte l’histoire des méchants communistes nord-coréens qui spolient la terre des malheureux paysans. Ce bouquin sera adapté au cinéma en 1968 par le réalisateur Yu Hyun-mok (1925-2009).

Bon, maintenant, on va passer à la musique, en devinant que si un groupe (anglais, en l’occurrence) a décidé de s’appeler Descendants Of Cain, ce n’est pas parce qu’il en a eu l’idée en lisant Paris-Match ou Gala. C’est plus profond, plus tourmenté, plus intello. Bref, ça correspond bien à la personnalité de D.M. Kruger, fondateur du groupe en 1998 et qui a donné aux quatre premiers albums des Descendants Of Cain des références lourdement bibliques. En effet, « Atziluth » (2000), « Briah » (2002), « Assiah » (2004) et « Yetzirah » (2005) portent chacun le nom d’un des quatre mondes spirituels de la Kabbale. Puis ce sera un peu de philosophie asiatique avec « The Tao if wisdom and misery » en 2008. Les deux derniers albums n’évoquent pas de références spirituelles particulières (« Songs from a vanishing world », 2011 et « Conversations with mirrors », 2017) mais continuent le message musical des Descendants Of Cain, à savoir un rock gothique lourd et triste, hanté par des voix caverneuses et des sonorités synthétiques, dans la lignée des Fields Of The Nephilim, pour résumer. Petite remarque à part : les Nephilim, c’est encore dans la Genèse. Ils sont calés en culture biblique, ces musiciens gothiques…

Le nouvel album des Descendants Of Cain est somme toute similaire à ce qu’a fait le groupe par le passé. D’imposants morceaux environnés de lourdes nappes de synthétiseurs et de guitares puissantes soutiennent un chant sombre et grave. L’ambiance générale de « Conversations with mirrors » est cohérente, donnant dans des atmosphères tristes et introspectives (« These hands », « Unbreakabke », « Scaring crows »), avec de temps à autre une implication plus prononcée dans le rythme et la lourdeur (« Lost in the woods », « Let go »). Les titres lents et chagrinés ont tendance à dominer au fil de l’album, ce qui lui donne peut-être un aspect monotone à la fin du compte. Ou alors, il faut être coutumier du rock gothique et de ses aspects mélancoliques et introvertis pour apprécier pleinement ce genre d’exercice, ce qui n’est pas trop mon cas.

Donc, si vous êtes du genre à rire de tout, vous risquez de vous prendre un gros coup de déprime en écoutant un disque comme « Conversation with mirrors », qui se termine carrément par le bruit d’une fille en pleurs (« Lost in the noise »). Par contre, si vous revendiquez le droit à la dépression et si vous ne sortez de votre torpeur qu’à la vue d’un bon vieux convoi funéraire, vous vous plairez dans les atmosphères lugubres des Descendants Of Cain.

Pays: GB
Echozone
Sortie: 2017/04/21

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